The Righteous Brothers - Unchained Melody

L’origine du morceau remonte à 1955 quand le compositeur de musique de film Alex North (qui signa la B.O. de Spartacus, Cléopâtre ou Un tramway nommé Désir) est sollicité pour Prisons sans chaînes (Unchained en V.O.). Pour les paroles signées Hy Zaret, il faut remonter encore plus loin en 1936 alors que l’auteur âgé de seulement 16 ans vit sa prime amourette. Le premier interprète est donc l’acteur Todd Duncan qui campe le rôle d’un détenu dans le film et chante sa solitude et sa douleur d’être éloigné de son amour. Le compositeur et chef d’orchestre Les Baxter sera le premier artiste à reprendre le morceau la même année et à en faire un numéro un au Billboard américain. Il ouvrira la voie à une longue liste, Al Hibbler , Roy Hamilton, Harry Belafonte, Perry Como… même Jerry Lee Lewis gravera sa version déjantée et rock & roll agrémentée de soli de guitares. Mais il faudra attendre une décennie et l’adaptation des Righteous Brothers, duo californien constitué de Bobby Hatfield et Bill Medley, pour obtenir la version ultime et définitive, celle qui sera considérée comme la référence. Le tandem sort d’une collaboration fructueuse avec le producteur Phil Spector et son célèbre « Mur du Son » qui leur offrira You’ve Lost That Lovin’ Feelin’ (qui aurait très bien pu avoir sa place ici-même) en octobre 1964, leur premier numéro un des deux côtés de l’Atlantique. A la fin du siècle dernier, il fut certifié titre le plus joué par les radios américaines (plus de 8 millions de passages en 1999). Un deal est alors passé entre le petit génie des consoles de mixage et le binôme pop. Il s’occupera de produire tous leurs singles mais laissera ce travail à Hatfield pour les LP. Lui et Medley ont pour habitude de se réserver un titre en solo sur chaque album. Les deux ayant des vues sur Unchained Melody, la décision est jouée à pile ou face. C’est Hatfield qui sera chargé de l’interpréter et par la même occasion de le produire, étant au départ destiné à figurer sur le 33 tours (Spector n’est pas crédité sur Unchained Melody). Il est finalement choisi comme face B du 45 tours Hung on You mais quand ce dernier est envoyé aux discs jockeys des stations radio, ces derniers le préfèrent à sa face A. Ce qui aura le mérite de faire rentrer Phil Spector vexé dans une colère noire. Après avoir compris le succès qui attendait le titre, en petit malin opportuniste il changera son fusil d’épaule et tentera de s’attribuer le mérite de sa production. La performance vocale de Bobby Hatfield est d’une puissance phénoménale et reste un classique du genre. Le dernier vers où il passe en voix de tête sur « I need your love » n’était pas prévu. A la fin de la prise il déclara à Bill Medley qu’il pouvait chanter cette note mieux et plus haute, celui-ci lui répondit en riant que ce n’était pas possible. C’est justement Medley qui joue du piano Wurlitzer sur le titre.

Unchained Melody est la seule chanson de l’histoire de la musique moderne à avoir été classée n° 1 des charts anglais par quatre artistes différents (Jimmy Young, Ronson & Jerome, Gareth Gates et The Righteous Brothers). Mais il s’agit de la réédition de 1990. Ces derniers atteignirent la 4ème place de l’U.S. Billboard et « seulement » la 14ème des charts anglais en1965. Au total, c’est plus de deux millions de copies qui s’écouleront dans le monde. Le morceau va connaitre une seconde vie en 1990 quand il apparaît dans le film Ghost (avec Demi Moore et Patrick Swayze), faisant redécoller ses ventes déjà stratosphériques. Il est assez cocasse de reconnaître que le titre qui avait en premier lieu été composé pour le film Unchained restera dans la mémoire collective indissociable d’un autre film sorti 35 ans plus tard.

Le nombre de reprises est tout aussi impressionnant. Selon la société d’édition du morceau, elles dépasseraient les 1.500 par plus de 670 artistes divers. Parmi les plus prestigieux, on retrouve The Platters, Elvis Presley, Roy Orbisson, The Supremes, Tom Jones, U2 ou Cindy Lauper. En France, c’est le québécois Jen Roger qui s’en charge le premier avec Douce Mélodie en 1955. Ce sera ensuite le tour de Line Renaud sous le titre Les enchaînés qui sera ensuite chanté par Eddy Mitchell et les Chaussettes Noires, Mouloudji, Armand Mestral, Philippe Laumont ou la chanteuse Eva.

Paroles :

Oh, my love, my darling
I've hungered for your touch
A long, lonely time
And time goes by so slowly
And time can do so much
Are you still mine?
I need your love, I need your love

God speed your love to me
 

Lonely rivers flow
To the sea, to the sea
To the open arms of the sea
Lonely rivers sigh
"Wait for me, wait for me"
I'll be coming home; wait for me

 

Oh, my love, my darling
I've hungered, hungered for your touch
A long, lonely time
And time goes by so slowly

 

And time can do so much
Are you still mine?
I need your love, I need your love
God speed your love to me

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