Gilbert O'Sullivan - Alone Again (Naturally)

Si le jeune irlandais Raymond Edward O’Sullivan s’est mis très jeune au piano, c’est grâce à une rencontre fortuite au Swindon Art College de Londres. Le bougre se retrouve dans la même école que Rick Davies, futur membre formateur de Supertramp, qui lui enseigne non pas la peinture mais ses premières gammes blues au clavier. L’auteur de Goodbye Stranger lui fait aussi découvrir par la même occasion Fats Domino qu’il se prend dans la gueule comme un uppercut. Il ne quittera plus jamais son instrument de prédilection, conforté dans sa voie par la percée d’Elton John effectuée au même moment. Mais la consécration se fait languir, ses débuts sous le sobriquet « Gilbert » ne trouvant pas grâce auprès du public ni de son manager Gordon Mills de chez MAM Records, label de Tom Jones et Engelbert Humperdinck. Il faut dire que sa coupe au bol et son style vestimentaire issu des années folles, costume trois pièces, chemise à col rond et gavroche anglaise en tweed n’aidaient pas au début des seventies à lui offrir un rayonnement cool et branché mais le faisait plutôt passer pour un plouc ringard tout droit sorti d’un cottage du fin fond du Kent. Mais l’irish s’en balance et impose son look (qu’on peut admirer sur la pochette de son 45 tours) avant de se raviser quand la gloire viendra frapper à sa porte pour adopter une tenue plus décontractée, chemise débraillée et permanente, et devenir un sex-symbol. Ce succès tant espéré finit par pointer le bout de son nez au début des années soixante-dix, tout d’abord par les Pays-Bas qui lui offrent son premier hit et disque d’or en 1970 pour Nothing Rhymed, et enfin un an plus tard Alone Again. La balade soft-rock est fortement inspirée du travail produit par Carole King sur Tapestry (qui illuminera la cérémonie des Grammy Awards 1972 raflant quatre trophées) sorti l’année précédente ainsi que Close to You des Carpenters en 1970. Ce courant aussi étiqueté easy-listening va faire son trou durant la décennie et offrir une alternative bancable aux guitares saturées du hard rock. La composition de Gilbert O’Sullivan constitue un véritable oxymore musical, portée par une mélodie joyeuse et entraînante mais un texte sombre et pessimiste. Il narre en effet le récit d’un homme seul et dépressif, endeuillé par la mort de ses parents et aux pulsions suicidaires. Pas très jojo, surtout quand on sait que des millions d’auditeurs ayant fredonné le morceau n’ont jamais eu conscience de la portée des paroles. O’Sullivan a toujours réfuté l’idée que sa chanson était autobiographique. Même si son père décéda quand il avait onze ans, il ne le connut que très peu. Pour accompagner la sortie de son single et plus tard du LP Back to Front, il part pour la première fois de sa vie en tournée, ce qu’il s’était jusqu’alors refusé privilégiant la composition seulement. Il va connaître douze mois de folie où il placera ses deux premiers numéros un en Grande-Bretagne avec Clair et Get Down. Mais en 1975, il rentre dans une bataille judiciaire épuisante contre son manager Gordon Mills après s’être rendu compte que lui et son label l’ont escroqué sur ses droits d’auteur. Alors quand le verdict est rendu en 1982, autant dire que la carrière de O’Sullivan est désormais derrière lui. Il put tout de même se réconforter avec les 20 millions de livres qu’il toucha à l’époque en dommages et intérêts.

Le single atteint la 3ème place des charts anglais mais est certifié numéro un de l’U.S. Billboard pendant six semaines. Il s’écoulera à deux millions d’unités en faisant la meilleure vente de l’année derrière le American Pie de Don McLean (article ici). O’Sullivan se verra aussi nommé trois fois aux Grammy Awards pour le meilleur artiste pop masculin, la meilleure chanson et le meilleur album de l’année (les deux derniers étant perdus au profit du The First Time Ever I Saw Your Face de Roberta Flack).

Le titre a été repris entre autres par Neil Diamond, Andy Williams, Morrissey, Nina Simone, Esther Phillips ou Shirley Bassey. En 1991, le rappeur Biz Markie sampla sans autorisation le refrain pour son morceau I Need a Haircut. O’Sullivan intenta un procès à la firme Warner Bros. Rercords qu’il remporta mais qui changea surtout durablement l’industrie du hip-hop, les musiques samplées devant être validées au préalable par leurs propriétaires sous risque de poursuites.

Paroles :

In a little while from now
If I'm not feeling any less sour
I promise myself to treat myself
And visit a nearby tower
And climbing to the top
Will throw myself off
In an effort to
Make it clear to whoever
Wants to know what it's like

When you're shattered

Left standing in the lurch at a church
Were people saying, My God, that's tough
She stood him up
No point in us remaining
We may as well go home
As I did on my own
Alone again, naturally
To think that only yesterday

I was cheerful, bright and gay
Looking forward to who wouldn't do
The role I was about to play
But as if to knock me down
Reality came around
And without so much as a mere touch
Cut me into little pieces
Leaving me to doubt
Talk about, God in His mercy

Oh, if he really does exist
Why did he desert me
In my hour of need
I truly am indeed
Alone again, naturally
It seems to me that
There are more hearts broken in the world
That can't be mended

Left unattended
What do we do
What do we do
Alone again, naturally
Looking back over the years
And whatever else that appears
I remember I cried when my father died
Never wishing to hide the tears

And at sixty-five years old
My mother, God rest her soul
Couldn't understand why the only man
She had ever loved had been taken
Leaving her to start
With a heart so badly broken
Despite encouragement from me

No words were ever
And when she passed away
I cried and cried all day
Alone again, naturally
Alone again, naturally

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