Shocking Blue - Venus

Pour comprendre les origines du hit des Shocking Blue en 1969, il faut revenir six ans en arrière. Il faudrait même remonter le temps jusqu’en… 1848. Rien que ça. Commençons par nous pencher sur cette version datée de 1963. Elle est l’œuvre d’un trio folk de la côte est, de Washington plus précisément. The Big 3 était l’association de trois auteurs-compositeurs de grand talent, Jim Hendricks, Tim Rose et une certaine Cass Elliot. Cette dernière connaîtra la consécration quelques années plus tard avec le groupe pop californien The Mamas & The Papas. Tim Rose connaîtra lui le succès en 1965 avec son arrangement d’un chant traditionnel Hey Joe, Where You Wanna Go? repris et popularisé ensuite par Jimi Hendrix. C’est aussi le même Tim Rose, semble-t-il rôdé à l’exercice, qui va reprendre un air de ménestrel du XIXème siècle Oh! Susanna considéré comme une des chansons les plus populaires du registre américain. Sa nouvelle mouture nommée The Banjo Song se retrouve sur le premier LP du trio de Greenwich Village. Quand on écoute ce morceau et Venus, il ne fait aucun doute que nous nous trouvons ici en présence d’un plagiat évident. Cette version tombe dans l’oreille du néerlandais Robbie Van Leeuwen qui vient de fonder deux ans auparavant le groupe rock Shocking Blue autour de la charismatique chanteuse Mariska Veres, cultivant sa ressemblance avec Grace Slick de Jefferson Airplane dont elle était une grande admiratrice. Il récrit les paroles qui glorifient une fille comparée à la Vénus de Milo, une déesse à la beauté éblouissante. Sauf que le guitariste batave, pas trop à l’aise avec la langue de Shakespeare, se plante royalement dans sa traduction. Dès le premier vers du morceau, au lieu d’écrire « a goddess » (une déesse), sa plume fourche pour « a goddness » qui est une interjection anglaise pouvant se traduire par « bon sang ». Mariska chante donc cette petite erreur de syntaxe dans les premières versions de Venus qui seront pressées. Les éditions suivantes se verront ensuite corrigées. Le riff distinctif du morceau, que l’on peut entendre dès l’intro, provient lui de Pinball Wizard (Tommy, 1969) des Who sorti un peu plus tôt dans l’année. Le hit deviendra le plus gros succès international pour un single néerlandais malgré qu‘il ne fut jamais numéro un dans son propre pays. Shocking Blue continua son parcours cahin-caha, lesté du lourd fardeau de son Venus planétaire, jusqu’en 1974. L’ère hippie arrivant à son terme, la chanteuse Mariska Veres décida de mettre les voiles pour se lancer dans le jazz, signant l’arrêt de mort du groupe.

Au Pays-Bas leur pays d’origine, Venus atteint la troisième place des charts. En Angleterre, il bloque à la 8ème position. Mais le single sera quand même numéro un dans de nombreux pays à commencer par les Etats-Unis durant une semaine, l’Espagne, la Suisse, l’Italie, la France, le Canada et la Belgique. Le simple se sera vendu à un million de copies aux Etats-Unis en à peine trois mois et sept millions et demi mondialement.

La reprise la plus célèbre reste celle de Bananarama en 1986 qui ressuscita le morceau. A celle-ci s’ajoutent les versions de Tom Jones, Kirka, Jennifer Lopez, Mina, Augusto Righetti, Nancy Sit ou les Claw Boys Claw. En France, c’est Sacha Distel qui en fait une adaptation disco en 1978 sous la plume de l’inévitable Claude Carrère.

Paroles :

A goddess on a mountain top
Was burning like a silver flame
The summit of beauty and love
And Venus was her name

She's got it
Yeah baby, she's got it
Well, I'm your Venus
I'm your fire
At your desire
Well, I'm your Venus
I'm your fire
At your desire

Her weapons were her crystal eyes
Making every man mad
Black as the dark night she was
Got what no one else had

She's got it
Yeah baby, she's got it
Well, I'm your Venus
I'm your fire
At your desire
Well, I'm your Venus
I'm your fire
At your desire

She's got it
Yeah baby, she's got it
Well, I'm your Venus
I'm your fire
At your desire
Well, I'm your Venus
I'm your fire
At your desire

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