27 Club

Le 27 Club est le terme attribué à un groupe d’artistes disparus tragiquement à l’âge de 27 ans. Ils étaient jeunes et talentueux, et ont eu un impact énorme sur leur génération. C’est seulement après la mort de Kurt Cobain que cette idée de groupe fermé germa dans l’imaginaire collectif. La paternité de cette appellation revient au biographe Charles R. Cross (auteur de biographies sur Hendrix et Cobain justement) qui réfère lui-même que la mère de Kurt Cobain aurait tenu ces propos : « Maintenant il est parti et a rejoint ce stupide club. Je l’avais supplié de ne pas rejoindre ce foutu club. » Cobain parlait souvent de cette particularité qu’avaient Morrison, Hendrix ou Joplin d’être tous morts au même âge. Le 27 Club exerce depuis des décennies une fascination populaire dont voici les responsables.

Robert Johnson (8 mai 1911- 16 août 1938) :

Il est généralement considéré comme le premier membre de ce ‘club fermé’. Originaire du delta du Mississippi, dont il adoptera le Blues, il commence la guitare à l’aube de la vingtaine. Mais le jeune Robert est un bien piètre guitariste. En 1931, il fait la rencontre du bluesman Son House, qui n’était pas meilleur instrumentiste, mais qui lui conseille vivement d’abandonner la musique. Probablement blessé dans son amour propre, il décide de prendre la route et voyage au Texas, à Chicago, à New York, dans l’Indiana et monte même jusqu’au Canada. Lorsqu’il est de retour dans sa ville natale deux années plus tard, Son House n’en revient pas. Les progrès de Johnson à la guitare sont considérables, inhumains presque. Robert Johnson propage alors la rumeur qui fera sa légende. Une nuit très sombre lors de son voyage, alors qu’il était perdu autour de Clarksdale (Mississippi), il s’endormit à un croisement (Crossroads, dont il fera un morceau). Il fut réveillé par une ombre inquiétante penchée sur lui, dont il ne pouvait distinguer les traits cachés par un grand chapeau. Cette figure terrifiante se saisit de sa guitare, l’accorda et joua quelques accords sublimes avant de lui rendre. Le folklore religieux étant très ancré dans les états sudistes, les autochtones virent là un pacte passé avec le diable en quelque sorte. Sa mort survint dans des conditions tout aussi étranges. Il aurait été empoisonné par le tenancier d’un bar jaloux de le voir tourner autour de sa femme, usant d’une bouteille de whisky pleine de strychnine. Johnson agonisa durant trois jours dans d’atroces souffrances. Cette allégation restant une théorie, tout ce qui tournant autour de la vie comme de la mort de Robert Johnson étant très flou. Il légua 29 compositions (Dust My Broom, Sweet Home Chicago, Cross Roads Blues, Love In Vain, Stop Breakin’ Down….) qui firent le bonheur de groupes ou artistes comme les Rolling Stones, Fleetwood Mac, Led Zeppelin ou Eric Clapton.

Rudy Lewis (23 août 1936 – 20 mai 1964) :

Chanteur principal du groupe soul vocal The Drifters, du label Atlantic Records, Rudy Lewis remplaça Ben E. King à ce poste en 1960. Il enregistra avec le groupe les morceaux phares Some Kind Of Wonderful, On Broadway ou Up On The Roof. Lewis fut retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel à Harlem le matin du 21 mai 1964 par le concierge de nuit. Le groupe devait enregistrer ce même jour leur futur numéro un Under The Boardwalk et fut finalement chanté par Johnny Moore qui devint leur nouveau chanteur. Le morceau fut repris par les Rolling Stones la même année, sur leur album 12X5. L’autopsie du corps n’eut jamais lieu et les autorités conclurent rapidement à une overdose, Lewis étant un héroïnomane notoire. Sa mort fit de lui un des premiers à rejoindre le 27 Club.

Brian Jones (28 février 1942 – 3 juillet 1969) :

Les Rolling Stones lui doivent tout ou presque. Sans lui, le groupe n’aurait jamais existé. Brian est celui qui trouva le nom du groupe (tiré d’une chanson de Muddy Waters), donna le courant musical blues de celui-ci et obtint les premiers concerts au Marquee Club de Londres en 1962. Guitariste virtuose (son jeu slide avait peu d’égal) et multi-instrumentiste, il a apporté cette touche d’éclectisme aux Stones comme lorsqu’il tient le sitar sur Paint It, Black, le marimba sur Under My Thumb, la flûte à bec sur Ruby Tuesday ou encore le dulcimer sur Lady Jane. Écarté progressivement du groupe suite à sa consommation progressive et abondante de drogues ainsi que ses interminables problèmes judiciaires, il est finalement évincé le 8 juin 1969 et est remplacé par Mick Taylor. Dans la nuit du 2 au 3 juillet, aux environs de minuit, Brian est retrouvé inanimé au fond de sa piscine de Cotchford Farm par sa petite amie suédoise de l’époque Anna Wholin. Selon elle, son cœur battait encore lorsqu’elle le repêcha mais quand les urgences arrivèrent, il était déjà trop tard. La police conclut à une mort accidentelle et l’autopsie pratiquée révéla une forte quantité d’alcool ainsi qu’un cocktail de drogues variées. Toutefois, l’hypothèse d’un meurtre fut avancée et reste encore d’actualité. Dès 1993, peu de temps avant sa mort, Frank Thorogood qui faisait des travaux sur la propriété de Jones aurait confessé à Tom Keylock le chauffeur des Stones qu’il s’était chargé de l’ange blond. Brian était ‘un emmerdeur’ selon ses propres termes et dans un accès de colère l’aurait poussé dans sa piscine d’où il ne serait plus ressorti. Keylock a par la suite réfuté ces propos et malgré une réouverture du dossier par la police du Sussex en 2009, l’affaire n’a pas avancé. Tom Keylock, un des principaux témoins, présent la soirée du 2 juillet 1969, est d’ailleurs mort cette même année. Brian Jones reste une figure emblématique du 27 Club et est souvent considéré comme le premier de la funeste hécatombe qui allait décimer le rock durant deux années.

Alan Wilson (4 juillet 1943 – 3 septembre 1970) :

Surnommé ‘Blind Owl’ la chouette aveugle à cause de sa forte myopie qu’il cachait derrière d’énormes culs-de-bouteille, Alan Wilson était le guitariste du groupe de blues rock californien Canned Heat. Le batteur Fito de la Parra disait de lui que sans ses lunettes, il était incapable de distinguer à moins de deux mètres avec qui il jouait sur scène. Ou encore qu’invité un jour à un mariage, il avait posé sa guitare sur la pièce montée sans même s’en être rendu compte. C’est en 1965 que Wilson rencontra celui qui allait devenir le chanteur, Bob ‘The Bear’ Hite surnommé l’ours en raison de son physique imposant. Ce dernier était disquaire à Topanga Canyon et les deux se trouvèrent une passion mutuelle pour le blues. Reprenant ses grands standards en agrémentant leur musique d’une touche boogie-woogie, la notoriété ne tarda pas à arriver avec les deux hits Goin’ Up The Country et surtout On The Road Again qui sont tous deux chantés par la voix de falsetto d’Alan. Leur présence à deux des plus grands festivals de l’époque (Monterey en 1967 et Woodstock en 1969) ainsi que leurs performances scéniques endiablées finirent d’en faire un groupe incontournable de la fin des années soixante. Passionné de botanique et par la nature, Wilson était un écologiste avant l’heure. Il se disait particulièrement concerné par le sort des grands sequoias californiens et avait écrit plusieurs manifestes dénonçant la pollution les ravageant. Le 3 septembre 1970, il est retrouvé mort dans son sac de couchage sur un flanc de colline surplombant la propriété de Bob Hite à Topanga Canyon. Il avait pour habitude de faire du camping sauvage en solitaire. L’autopsie décela une intoxication accidentelle aux barbituriques et le suicide fut un temps soupçonné. Quelques semaines plus tôt, Wilson s’était jeté délibérément dans un ravin au volant de sa voiture et avait été hospitalisé pour dépression. Talentueux et intelligent, il souffrait d’un mal être en société et d’une introversion maladive se rapprochant de l’autisme, ce qui aurait expliqué son caractère dépressif. Sa mort entama une période d’un mois durant laquelle le 27 Club fit une terrible moisson.

Jimi Hendrix (27 novembre 1942 – 18 septembre 1970) :

Le ‘Voodoo Child’ est probablement l’artiste le plus illustre et emblématique de ces rock stars foudroyées en pleine gloire. Unanimement considéré comme le meilleur guitariste de l’histoire et le plus influent, il marqua de son empreinte la musique rock et populaire en seulement quatre années de carrière, laissant derrière lui une pile impressionnante d’enregistrements qui continuent à fleurir à chaque nouvelle compilation. Se faisant tout d’abord un nom dans le circuit auprès des Isley Brothers puis de Little Richard qu’il suit en tournée, c’est Chas Chandler le bassiste du groupe anglais The Animals qui devient son manager. Formant le Jimi Hendrix Experience avec Noel Redding (basse) et Mitch Mitchell (batterie), ils enregistrent seulement trois albums studios (dont le mythique Electric Ladyland en 1968) ainsi que quelques morceaux vite devenus incontournables comme Hey Joe, Foxy Lady ou Purple Haze. Ses performances au festival de Monterey (1967), à Woodstock (1969) et l’île de Wight (1970) sont rentrées dans la légende et témoignent de l’incroyable facilité qu’avait Jimi à s’approprier un set qui se terminait généralement par le violent sacrifice de son instrument. Sa technique tremolo et ’string-bending’ (cordes tirées) ont fait sa réputation tout comme la distorsion et le feedback dont il usait à outrance dans ses morceaux. La veille de sa mort, Hendrix s’était rendu jusque tard dans la nuit à une fête organisée chez Devis Wilson (une groupie très connue du showbiz londonien) où était notamment présent Eric Burdon. De retour au petit matin du 18 septembre dans sa chambre de l’hôtel Samarkand à Notting Hill, il avale plusieurs plaquettes de somnifères (environ neuf) pour compenser les effets de l’amphétamine qu’il a ingurgitée plus tôt. Il ne se réveillera pas et sa petite amie de l’époque, Monika Dannemann, le retrouvera en fin de matinée dans une mare de vomi.

Janis Joplin (19 janvier 1943 – 4 octobre 1970) :

Originaire du Texas, Janis monte à San Francisco en 1963 et atterrit dans le quartier de Haight-Ashbury où elle trouve vite sa place au sein de la communauté beatknik et hippie qui émerge doucement. Elle fait la connaissance des futurs Jefferson Airplane (elle nouera une grande amitié avec Grace Slick), du Grateful Dead et de Country Joe McDonald dont elle partagera la vie. Sa voix puissante, rocailleuse et tellement particulière attire l’attention du groupe de rock psychédélique Big Brother & The Holding Company qui décide de la prendre comme chanteuse. Propulsée sous les feux de la rampe après sa performance magistrale au festival pop de Monterey et grâce à l’album Cheap Thrills en 1968, Joplin s’impose comme une figure emblématique de la scène californienne de la fin des sixties. Après deux albums solos et une vie marquée par des échecs sentimentaux à répétition ainsi qu’un fort alcoolisme, Janis trouve la mort dans sa chambre du Landmark Motor Hotel à Hollywood alors qu’elle travaille sur son nouvel album avec le producteur Paul Rothchild (The Doors, Neil Young). L’autopsie diagnostiqua une overdose d’héroïne.

Jim Morrison (8 décembre 1943 – 3 juillet 1971) :

Le frontman des Doors est devenu avec le temps une figure iconique des sixties et du 27 Club. Il est aussi le dernier membre de cette période noire que connut le rock de la fin des années soixante. Né en Floride, c’est pourtant sur les plages de Venice à Los Angeles que Jim rencontra Ray Manzarek qui l’incite à monter un groupe après avoir lu quelques-uns de ses poèmes. Le succès est immédiat avec tout d’abord The Doors en 1967 et les titres Light My Fire, Break On Through ou The End. Doté d’une puissance scénique électrique et d’un charisme hypnotique, le Roi Lézard est un ovni incomparable à ses contemporains. Alcoolique notable et grand amateur de substances en tout genre, il décide de fuir l’hystérie américaine en se retirant à Paris avec sa compagne Pamela Courson afin de se ressourcer. Il quitte le territoire au moment de la sortie de L.A. Woman en mars 1971. La vie parisienne lui redonne des couleurs, il rase la barbe qui lui dévorait le visage et perd le poids qu’il avait accumulé ces derniers mois. Mais sa mort soudaine reste encore auréolée de mystère, quarante-cinq ans après les faits. La nuit du 3 juillet, Morrison est retrouvé mort dans la baignoire de son appartement du 4ème arrondissement (17-19 rue Beautreillis), apparemment victime d’une crise cardiaque. C’est Pamela qui le retrouva après que tous deux aient pris de l’héroïne. Morrison se serait relevé dans la nuit toussant et crachant du sang avant de se faire couler un bain. Aucune autopsie ne fut jamais pratiquée. Ce qui amplifia les rumeurs les plus folles comme la mise en scène de sa propre mort et que Morrison serait toujours en vie, quelque part en Afrique. D’autant que peu de personnes virent le cadavre de Jim, le cercueil étant déjà fermé lorsque Bill Siddons, le manager du groupe arriva à Paris. Une autre théorie évoquée par Marianne Faithfull relate que Morrison serait en fait mort dans les toilettes du Rock & Roll Circus, un bar parisien, et que le corps aurait ensuite été déplacé. La clé de l’énigme était sans nul doute Pamela Courson qui mourut trois ans plus tard, elle aussi d’une surdose d’héroïne et elle aussi… à 27 ans, emportant son secret dans la tombe. Quant à celle de Morrison, au Père-Lachaise, elle est depuis devenue un lieu de pèlerinage incontournable et l’un des sites les plus fréquentés de Paris.

Ron ‘Pigpen’ McKernan (8 septembre 1945 – 8 mars 1973) :

Membre fondateur du groupe rock californien Grateful Dead avec Jerry Garcia qu’il rencontra à l’âge de quatorze ans. Son surnom ‘porcherie’ lui viendrait de sa tenue vestimentaire, pas vraiment propre et irréprochable, ou selon certains de sa ressemblance avec le héros des comics Peanuts. Ron tient le piano et toutes les parties clavier ainsi que l’harmonica sur les premiers albums du Dead jusqu’à American Beauty. Rattrapé par ses problèmes d’alcool (il fut le compagnon de Janis Joplin un temps), il est hospitalisé pour une cirrhose du foie au début des années soixante-dix et doit stopper les tournées, le Grateful Dead étant sur les routes en permanence. Il coupe alors les ponts avec tous les membres du groupe, prétextant qu’il ne veut personne à ses côtés le jour où il mourra. Le 8 mars 1973, il est retrouvé mort à son domicile de Corte Madera d’une hémorragie intestinale. Jerry Garcia dira que suite à son décès, le Grateful Dead ne serait plus jamais pareil.

Dave Alexander (3 juin 1947 – 10 février 1975) :

Après avoir tenu quarante-cinq minutes lors de sa première année d’université à Ann Harbor en 1965 où il rencontra les frères Asheton, ‘Xander’ décide de vendre sa moto pour financer leur voyage en Angleterre où ils comptent bien rencontrer les Who et les Beatles. De retour dans le Michigan, ils montent le groupe The Stooges sous l’impulsion d’Iggy Pop en 1967. Il se voit affubler d’une basse qu’il sait à peine tenir mais apprend très vite en parfait autodidacte. Ils sortent un premier album The Stooges en 1969, très mal accueilli par la critique et dont les ventes se ressentent. Leur deuxième essai Fun House paru un an plus tard ne fait guère mieux que son prédécesseur et l’héroïne ayant fait son apparition au sein du groupe, les concerts deviennent de plus en plus calamiteux, perdant cette aura magique qui avait fait leur réputation scénique. Tous ces facteurs amènent inévitablement à la séparation du groupe en 1971. Dave ne faisait déjà plus partie du groupe depuis un an, ayant subi l’ire de l’Iguane après être arrivé ivre mort au Goose Lake Festival. ‘Xander’ meurt cinq ans plus tard d’un œdème pulmonaire après avoir été hospitalisé d’une pancréatite en lien avec sa forte consommation d’alcool et rejoint le panthéon du 27 Club.

Pete Ham (27 avril 1947 – 24 avril 1975) :

Le guitariste gallois et son groupe Badfinger furent repérés par Mal Evans, l’assistant des Beatles, avant que ces quatre derniers décident de les signer sur leur nouveau label Apple en 1969, unanimement impressionnés par le talent de composition de Ham. Leur premier simple Come & Get It est d’ailleurs une composition de Paul McCartney. Le génie de Pete ressort sur les hits que devinrent Baby Blue, No Matter What ou Without You. Fort de son talent de guitariste, George Harrison l’invita à plusieurs reprises sur ses albums solos dont son All Things Must Pass. Après que Apple Records se soit effondré, Badfinger signa chez Warner Bros. ce qui fut le début de la descente aux enfers. Empêtré dans des imbroglios internes, des tensions avec leur manager Stan Polley et proche de la faillite, Pete Ham se suicide par pendaison dans son garage du Surrey. Il laissa derrière lui, outre une note expliquant son geste, sa copine enceinte de huit mois. Il était à trois jours seulement de son vingt-huitième anniversaire, ce qui lui offre sa place dans le 27 Club pour l’éternité.

Kurt Cobain (20 février 1967 – 5 avril 1994) :

Porte-parole de toute une génération malgré lui, et du mouvement grunge qu’il a popularisé mondialement avec son groupe Nirvana (75 millions d’albums vendus), Kurt fait partie des personnages les plus fascinants de l’histoire du rock et du 27 Club qu’il rejoignit en 1994. Kurt grandit dans la petite bourgade d’Aberdeen, dans l’état de Washington. Il développa un intérêt pour la musique dès son plus jeune âge avec des goûts divers et variés comme les Beatles, les Kinks, Led Zeppelin, Queen, Electric Light Orchestra ou les Ramones. Pour son quatorzième anniversaire, son oncle lui offrit une vieille guitare qu’il finit d’user sur des vieux standards de rock. Passionné par le dessin jusqu’à la fin de sa vie, il ne cessa de remplir des carnets de note entiers de croquis ou caricatures en tout genre, parfois loufoques, parfois très sombres, parodiant religion, sexe, musique et institutions. Il rencontra Krist Novoselic (basse) au lycée puis suite à la défection de Chad Channing (qui joue sur le premier album Bleach), Dave Grohl les rejoignit pour graver Nevermind et le titre Smells Like Teen Spirit qui allait faire d’eux des stars planétaires. La notoriété mondiale que Nirvana acquit fut si soudaine que Cobain peina à s’acclimater à son nouveau statut. Introverti de nature et mal dans sa peau, la pression du show-business et du star-system ne trouvait pas de sens aux yeux du guitariste. Il mena une vie sentimentale rocambolesque avec Courtney Love (du groupe Hole) qui lui donna une fille, deux ans avant sa mort. Ses problèmes chroniques d’estomac, sa forte addiction à l’héroïne ainsi que son alcoolisme achevèrent sa santé physique et mentale déjà déclinantes. Le matin du 8 avril 1994, c’est un électricien du nom de Gary Smith venu installer un système de sécurité à son domicile de Lake Washington Boulevard à Seattle, qui trouva le corps de Kurt. Son suicide par balle remontait à trois jours. Il laissera une note adressée à son ami d’enfance imaginaire ‘Boddah’ avec quelques lignes pour sa fille Frances, ce qui n’empêcha pas la théorie de l’assassinat. Volontairement ou non, Cobain rejoignit donc ce fameux 27 Club qui l’obsédait tant.

Amy Winehouse (14 septembre 1983 – 23 juillet 2011) :

Elle est la dernière musicienne célèbre à avoir rejoint le 27 Club et n’a rien à envier à ses illustres prédécesseurs. La petite londonienne au look de marin tatoué, au eye-linner excessif et à la coiffure ‘choucroute’ digne des ‘girl groups’ Motown, dont elle puisera son inspiration musicale, possédait un don vocal très caractéristique. Souvent comparée à Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan ou encore Janis Joplin (avec qui elle a de nombreux points communs), ses facultés de chant ont fait sa renommée tout comme son mode de vie qui a souvent défrayé la chronique, faisant le bonheur des tabloïds. Son premier album Frank sorti en 2003 et aux influences jazz est unanimement salué par la critique et se voit décerné une pluie de récompenses. Mais c’est son deuxième opus Back to Black qui va faire de Amy une diva soul mondialement reconnue. Finie l’ambiance jazzy de Frank, Amy adopte le son Tamla et soul d’Atlantic Records des années cinquante et soixante. Porté par les titres Rehab et You Know I’m No Good, l’album qui s’affiche pourtant à contre-courant de la mode musicale explose tous les records et se vend à neuf millions d’exemplaire en seulement dix-huit mois. Ses textes pessimistes reflètent la vie chaotique qu’elle mène avec son boyfriend Blake-Fielder Civil, entre disputes conjugales qui finissent à l’hôpital et consommation excessive de drogues. Héroïne, kétamine, ecstasy, cocaïne ou crack, tout ce qui passe sous le nez de Amy lui convient. Son état de santé déjà fragile ne fait qu’empirer et sa rupture avec Blake finit de la démolir moralement. Après plusieurs tentatives de désintox (Rehab) peu concluantes, elle est retrouvée morte dans son appartement londonien de Camden Town avec un taux d’alcoolémie de 4,16g. En période de sevrage depuis trois semaines, cette reprise violente d’alcool fut fatale à son organisme. Le jour même de sa mort, elle devait se produire au Paléo Festival de Nyon, concert qu’elle avait annulé dès le mois de juin en raison de ses problèmes de santé. Amy Winehouse est donc un énième nom à ajouter aux membres du 27 Club mais ne sera surement pas le dernier.

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