The Outsiders

Les pochettes de disque ont toujours été en perpétuelle évolution, mais c'est à partir des années soixante, où le rock et la pop boostent les ventes des 33 tours (dépassant alors celles établies des 45 tours) que le changement opère considérablement. La pochette qui servait jusqu'alors à annoncer le groupe ou l'artiste en affichant un portrait gros plan de ses membres ou du principal intéressé devient un art, un espace d’expression libre pour les graphistes et photographes. Ses peintures miniatures font exploser les codes en rigueur pour s’émanciper des normes et contraintes. Elles deviennent la vitrine première du produit qu’elles offrent dans cet emballage cartonné. Les artistes vont alors batailler farouchement avec les maisons de disques pour imposer leurs pochettes, représentatives de leur univers, leur musique et invitation suggestive à son écoute. Pour orner ses pochettes, une simple séance photo qui prenait une journée et coûtait une misère laisse place à des concertations interminables accouchant de projets pharaoniques parfois alambiqués mais bien souvent grandioses. La musique n’est plus seulement sonore mais aussi visuelle et touche directement aux sens physiologiques : le toucher de la pochette en carton et du disque vinyle sillonné ; l’olfactif avec l’odeur si particulière de ces deux éléments ; l’ouïe à l’écoute du matériel et enfin la vue de cette pochette. C’est d’ailleurs la première étape du processus, l’album exposé chez le disquaire devant attirer le regard de l’acheteur potentiel. Le choix de l’impression devient alors un critère aussi important que l’ordre des pistes dans le mixage. Et l’allumette qui va mettre le feu aux poudres trouve son origine sur la côte ouest des Etats-Unis dans le courant psychédélique qui voit le jour dès le milieu des années soixante. Les artistes qui s’occupaient alors des affiches à placarder dans les rues de San Francisco pour annoncer tel concert du Grateful Dead ou du Jefferson Airplane vont commencer à travailler avec ces mêmes groupes sur le visuel de leurs albums. Les Rick Griffin, Wes Wilson, Stanley Mouse ou Alton Kelley vont trouver, à partir de 1966 et l’ouverture du Fillmore Auditorium et l’Avallon Ballroom à Frisco, les lieux qui leur offriront la liberté absolue de laisser parler leur art, sous l’égide des promoteurs Bill Graham et Chet Helms. The Seed (La Graine) qui est considéré comme le premier poster psychédélique est réalisé par les Charlatans en 1965. Le visuel coloré est en adéquation avec la musique psychédélique qui mènera au Summer of Love en 1967. Dès lors, le graphisme de la pochette devient un élément incontournable de la musique rock.

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