Le destin d’Aphrodite’s Child aurait pu être tout autre si de grands évènements historiques ne s’étaient pas déclenchés simultanément au début de carrière du quatuor hellénique. Tout commence quand Demi Roussos, jeune grec dont la famille dut fuir l’Egypte leur pays d’adoption après la crise du canal de Suez, rencontre Evángelos Odysséas Papathanassíou dit Vangelis (à peine moins long) qui est déjà une star nationale en Grèce. Le compositeur est alors subjugué par la voix insolite de Roussos, conséquence inattendue d’une opération ratée des amygdales. Rejoints par le batteur Loukas Sideras et le guitariste Silver Koulouris, Aphrodite’s Child est au complet en 1967 mais se retrouve confronté comme leurs concitoyens grecs au putsch militariste de Papadopoulos et à la dictature des colonels qui en découle. Ils décident alors de fuir le pays et, sur les conseils de Vangelis, rejoindre Londres qui représente alors l’eldorado pour toutes les formations rock qui se respectent. Mais ce sera sans Koulouris contraint d’effectuer son service militaire. C’est alors que le deuxième aléa du destin intervient. Le voyage prend fin à Paris suite à la non-obtention d’un permis de travail mais surtout à cause des grèves qui paralysent la France en ce mois de mai 1968. La firme Philips France qui a arrangé leur passage en Grande-Bretagne les fait engager dans un club « Le Psychedelic » en attendant la fin des évènements. C’est donc à Paris et non à Londres qu’Aphrodite’s Child enregistre au studio Blanqui son premier LP The End of the World avec l’aide du parolier Boris Bergman (qui travaillera avec France Gall, Dalida ou Nicoletta) alors professeur d’anglais. Il trouve alors les paroles de Rain and Tears en observant depuis la fenêtre de son bureau un cortège funéraire sous la pluie. Leur maison de disque, inspiré du succès de Procol Harum ou les Moody Blues, leur suggère d’enregistrer un slow adapté du Canon en ré majeur de Johann Pachelbel. La bluette arrangée par Vangelis sort au mois de juin (les usines de pressage parisiennes étant en grève, l’équipe déniche une ancienne machine dans une arrière-boutique de Saint-Ouen) et devient très vite le succès international de l’été.
Le morceau devient numéro un en France, Belgique et Italie. En Norvège, Suisse et aux Pays Bas, il grimpe sur la deuxième marche du podium. Le 45 tours est très vite certifié disque d’or avec plus du million de copies écoulées.
L’héritage des Aphrodite’s Child influencera durablement le rock progressif des seventies, de Genesis à Yes dont le leader Jon Anderson sera amené à travailler avec Vangelis qui, comme Demis Roussos, aura une carrière solo prolifique. Deux versions francophones voient le jour cette même année 68. Celle d’Alain Barrière sous le titre Tout s’en va déjà et celle de Dalida qui devient Quelques larmes de pluie.
Rain and tears are the same
But in the sun you've got to play the game
When you cry
In winter time
You can pretend
It's nothing but the rain
How many times I've seen
Tears coming from your blue eyes
Rain and tears, are the same
But in the sun
You've got to play the game
Give me an answer, love (oh)
I need an answer, love (oh)
Rain and tears in the sun
But in your heart
You feel the rainbow waves
Rain and tears
Both I shun
For in my heart there 'll never be a sun
Rain and tears, are the same
But in the sun
You've got to play the game