C’est un morceau assez particulier que nous tenons ici puisqu’il émane d’un des premiers groupes fictifs de l’histoire de la musique. The Archies proviennent du programme musical « The Archie Show », basé sur le comic book du même nom, est initialement diffusé sur la chaîne américaine CBS le samedi matin. Le dessin animé eut une durée de vie plus qu’éphémère (seulement dix-sept épisodes en cinq mois) et était destiné à concurrencer « The Monkees » sur NBC qui narrait les aventures du groupe dans leur ascension vers la gloire. Mettant en scène le personnage d’Archie Andrews et son groupe de rock garage lycéen, la bande-son tenait donc une place prépondérante dans le cartoon. C’est le producteur Don Kirschner, qui s’occupait aussi de la série des Monkees, qui fut mandaté pour donner vie au groupe en produisant les morceaux. Il monte alors une équipe de musiciens de studio autour des chanteurs Ron Dante et Toni Wine qui connut le succès en 1965 avec sa composition Groovy Kind of Love offerte au groupe beat mancunien The Mindbenders. Kirschner fait ensuite appel au duo de compositeurs Andy Kim (numéro un en 1974 avec Rock Me Gently) et Jeff Barry qui est responsable des plus grands hits soul et Rythm & Blues des sixties : Da Doo Ron Ron et Then He Kissed Me des Crystals, Be My Baby des Ronettes, Chapel of Love des Dixie Cups ou River Deep-Mountain High d’Ike & Tina Turner. Le tandem s’asseoit autour d’une table et s’efforce à pondre des paroles enfantines et faciles à retenir, les téléspectateurs du « Archie Show » étant essentiellement constitués d’écoliers en culottes courtes. Barry lui-même père de deux enfants, il sait plus que quiconque ce que ces derniers désirent : des bonbons. Mais ils souhaitent aussi que les paroles trouvent écho auprès d’un auditoire plus mature et font en sorte que l’amour soit sous-entendu dans les sucreries (« I just can’t believe the loveliness of loving you »). Créée au départ pour appuyer essentiellement le cartoon matinal, la chanson sort tout de même en single comme ses deux prédécesseurs Bang-Shang-A-Lang et Feelin’ So Good. Les titres des Archies avaient la particularité de se retrouver aussi au dos des boîtes de céréales sous la forme d’un petit disque de plastique et carton à découper, de bien piètre qualité en comparaison des vinyles, mais qui offraient une belle publicité auprès d’un public ciblé. Sugar, Sugar sort au printemps 1969 sous le label Calendar Records mais passe complètement inaperçu, en partie dûe à la réticence des stations radio de diffuser un groupe de cartoon qui n’existe pas. Don Kirschner reprend alors la publication en main et resort le 45 tours sur le label RCA. Outre ses talents de producteur et d’éditeur musical, il s’était fait un nom en collaborant avec Bobby Darin dans l’écriture de musique de publicités. Une de ses premières compositions se nommait d’ailleurs Bubblegum Pop qui donnera son nom à ce courant pop adolescent aux textes caramélisés dont des groupes comme The Monkees (produit par Kirschner), 1910 Fruitgum Company ou The Archies seront vite apparentés. Conscient que Sugar, Sugar sera vite catalogué chansonnette pour chewing-gum et boîtes à céréales, Don Kirschner rôdé à l’exercice promotionnel, va démarcher les stations radio à sa manière. Il se rend personnellement dans les bureaux de chaque directeur d’antennes pour jouer son titre et se garde bien de dévoiler le nom du groupe avant qu’ils acceptent de le diffuser. Sa tactique va payer même si certaines fréquences ne joueront le single qu’une seule fois quand elles réaliseront avoir été bernées. Ce qui n’empêchera pas les lignes téléphoniques d’être saturées par les appels d’auditeurs soucieux de connaître l’identité de cet étrange hit. Le mystère entourant The Archies va contribuer à leur succès grandissant, personne ne les ayant jamais vus, aucun concert joué ou émission télé donnée. Le groupe virtuel connaîtra bien un autre hit dans les charts en fin d’année, Jingle Jangle, mais l’effet de surprise s’était déjà évaporé et la sucrière bien vidée.
Sugar, Sugar atteint la première place du Billboard américain à l’automne 1969 où il restera pendant quatre semaines, délogeant au passage Honky Tonk Women des Rolling Stones. Au total c’est vingt-deux semaines qu’il passera dans les charts, battant des poids lourds comme The Beatles, The Rolling Stones ou Elvis Presley. Mais surtout il est élu single de l’année aux Etats-Unis. En Grande-Bretagne, il reste à la 1ère place durant huit semaines. Dans le reste de l’Europe, il est aussi certifié numéro un comme en Espagne, Belgique, Allemagne, Irlande, Norvège ou Autriche. Il décroche aussi la première place au Canada. Le single est certifié disque d’or (1 million) aux Etats-Unis dès sa première année d’exploitation. Au final, c’est plus de six millions de copies qui seront vendues.
Le titre a été repris par la suite par Bob Marley, Wilson Pickett, Tom Jones, The Ventures, Glady Knight & The Pips, Ike & Tina Turner ou encore Olivia Newton-John. En France, Claude François l’adapte l’année de sa sortie sous le titre Douce Candy. Une autre version verra le jour en 1975 par Martin Circus : Monnaie, Monnaie.
Sugar, ah honey honey
You are my candy girl
And you've got me wanting you
Honey, ah sugar sugar
You are my candy girl
And you've got me wanting you
I just can't believe the loveliness of loving you
(I just can't believe it's true)
I just can't believe the one to love this feeling to
(I just can't believe it's true)
Ah sugar, ah honey honey
You are my candy girl
And you've got me wanting you
Ah honey, ah sugar sugar
You are my candy girl
And you've got me wanting you
When I kissed you, girl, I knew how sweet a kiss could be
(I know how sweet a kiss can be)
Like the summer sunshine pour your sweetness over me
(Pour your sweetness over me)
Sugar, pour a little sugar on it honey
Pour a little sugar on it baby
I'm gonna make your life so sweet, yeah yeah yeah
Pour a little sugar on it oh yeah
Pour a little sugar on it honey
Pour a little sugar on it baby
I'm gonna make your life so sweet, yeah yeah yeah
Pour a little sugar on it honey
Ah sugar, ah honey honey
You are my candy girl
And you've got me wanting you
Oh honey, honey, sugar sugar...
You are my candy girl…