Eddie Floyd - Knock on  Wood

Nous sommes en 1957 et c’est bien dans un garage de Memphis, Tennessee que Jim Stewart fonde ce qui va devenir Stax Records. Initialement Satellite Records, le jeune label distribue majoritairement des disques country et rockabilly. L’année suivante Estelle Axton sa sœur aînée hypothèque la demeure familiale (à hauteur de 20.000 dollars actuels) et investit cet argent dans la compagnie. C’est la rencontre de Jim avec le producteur Chips Moman (Elvis Presley, Aretha Franklin, The Box Tops) qui s’avèrera le tournant de sa carrière et du futur de son label. En effet, ce dernier lui fait découvrir le rythm & blues et l’imposant potentiel marketing que cette musique recèle. Le premier titre R&B à être commercialisé par Satellite sera Fool in Love par The Veltones. Une deuxième rencontre va devenir déterminante et ancrée définitivement l’orientation soul opérée au détriment des premiers disques country qui seront très vite abandonnés. Stewart est présenté à un DJ local du nom de Rufus Thomas qui, avec sa sœur Carla, vont permettre aux ventes de décoller (‘Cause I Love You, Walkin’ The Dog, Night Time is the Right Time) et aux artistes d’affluer en masse. The Mar-Keys, Sam & Dave, The Bar-Kays, Booker T. & The M.G.’S, Wilson Pickett ou Isaac Hayes vont tous signer chez ce nouveau concurrent de l’ogre Atlantic Records. C’est d’ailleurs à cette même époque qu’une autre compagnie R&B au destin brillant voit le jour à Detroit, Michigan sous l’égide de Berry Gordy : Tamla Records, bientôt Motown Records. Satellite Records va elle aussi changer de nom en septembre 1961 et devenir Stax Records après contraction des deux premières lettres du nom de leurs propriétaires, Stewart et Axton. Le néo-label entrera dans une autre dimension après la signature quelques mois plus tard du jeune Otis Redding qui va déverrouiller le Saint Graal du Billboard Hot 100 dès son premier single These Arms of Mine. C’est aussi Redding qui sonnera le glas de Stax après sa mort, forçant la fratrie à vendre ses parts à la Warner puis à se déclarer en faillite au milieu des années soixante-dix. Mais pour l’heure, Stax est à son zénith. Soul Finger (The Bar-Kays), Last Night (The Mar-Keys), Green Onions (Booker T. & The M.G.’s), In The Midnight Hour (Wilson Pickett), Born Under a Bad Sign (Albert King) ou Hold On! I’m Coming et Soul Man (Sam & Dave) explosent les charts et se vendent comme des petits pains. Le succès est tel qu’une tournée en Angleterre et en France sera même organisée à guichets fermés en 1967. La principale particularité de toutes ces chansons résidait dans l’immense talent des compositeurs qui travaillaient nuit et jour dans l’ombre de leurs interprètes.

C’est le cas d’Eddie Floyd qui rejoint la firme en 1965. Il signe quelques titres mémorables de la Stax en collaboration avec Wilson Pickett, Comfort Me, Ninety-Nine & a Half (Won’t Do) ou 634-5789 (Soulsville, USA). A l’été 1966, Floyd est en résidence au Lorraine Motel de Memphis (le même où Martin Luther King sera assassiné moins de deux ans plus tard) avec le guitariste de studio Steve Cropper. Ils accouchent de Knock on Wood en une nuit après que Floyd eut raconté à Cropper comment, durant son enfance en Alabama, lui et son frère se réfugiaient terrorisés au fond de leur lit quand les impressionnants orages sudistes allumaient leurs artifices. Ce qui donnera le vers « It’s like thunder, lightning, the way you love me is frightening ». La discussion dérive alors sur les superstitions les plus populaires, du chat noir au parapluie, et les deux artistes décident d’écrire à ce sujet. Ils cherchent une formule capable de conjurer le mauvais sort et Eddie tape le bras de son fauteuil du poing en déclarant « Knock on Wood ». L’expression existe bien dans la langue de Molière et peut être traduite par « toucher du bois ». La version américaine reprend le verbe taper ou cogner (les adeptes de la série « House of Cards » auront vu Kevin Spacey le faire plus d’une fois) à contrario de celle anglaise qui garde bien le verbe « touch », ce qui embrouillera d’ailleurs les britanniques peu habitués à l’entendre. Lors de son enregistrement aux studios Stax, l’allégorie parfaite est trouvée avec cette pause entre le vers « I better knock » chanté par Floyd suivi des quatre coups du batteur Al Jackson. La section n’était pas planifiée alors que Jackson pensait en premier lieu à incorporer un bruit de porte sur laquelle on cogne. Cette petite partie caractéristique va devenir la marque distinctive du morceau. L’enregistrement est seulement destiné à servir de démo pour Otis Reding, à qui le titre est destiné. Mais la version de Floyd sonne si proche de la perfection que, sur les conseils du producteur Jerry Wexler, Jim Stewart donne son aval pour la sortir en single. Et quand Ringo Starr himself déclarera que c’est sa chanson préférée de tous les temps, on est en droit de penser que son choix fut fort judicieux.

Le single aura du mal à se faire une place dans les charts malgré sa 1ère place dans la catégorie « Hot R&B » du Billboard. Il pointera à une timide 28ème position du Billboard Hot 100 et fera à peine mieux en Angleterre en finissant 19ème. De plus, il faudra attendre 1995 soit plus de 25 ans pour que le morceau soit certifié disque d’or (500.000 copies).

Le morceau a été standardisé par de nombreux artistes soul comme Ike & Tina Turner, Otis Redding & Carla Thomas, Johnny Hammond, Alton Ellis, Reuben Wilson, Herbie Goins & The Nightimers ou même Wilson Pickett avec qui Eddie Floyd sera souvent confondu. David Bowie, Eric Clapton, James Taylor, Seal, Amii Stewart, Cher, Joe Frazier, Harpers Bizarre et Buddy Guy constituent une liste non exhaustive des artistes ayant gravé une reprise de Knock on Wood. En France c’est Johnny Hallyday alors en pleine orientation soul qui enregistra sa reprise en 1967 sous le titre Aussi dur que du bois sous la plume de son éternel parolier Georges Aber.

Paroles :

I don't want to lose, this good thing
That I got 'cause if I do
I will surely,
Surely lose a lot.
'Cause your love is better
Than any love I know.
It's like thunder, lightning,
The way you love me is frightening.
I'd better knock, on wood, baby.

Well I'm not superstitious about you
But I can't take no chance.
You got me spinnin', baby,
Baby I'm in a trance.
'Cause your love is better
Than any love I know.
It's like thunder, lightning,
The way you love me is frightening.
I'd better knock, on wood, baby.

Ain't no secret, that young men
He fills my lovin' cup
He see's to it, that I get enough
Just one touch from him
You know it means so much

It's like thunder, lightning,
The way you love me is frightening.

I'd better knock (knock knock) on wood baby.

(knock knock)
Oh Yeah!

I think I'd better knock (knock knock) on wood
I think I'd better knock (knock knock) on wood
I think I'd better knock (knock knock) on wood

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