Scott McKenzie - San Francisco

L’année 67, on en a souvent parlé ici. Le fameux « été de l’amour » (« Summer of Love » en VO) qui fleurit en premier lieu sur la côte ouest américaine avant de s’étendre jusqu’au Vieux Continent. Si Sgt. Pepper’s en sema les premières graines que Procol Harum arrosa abondamment, il fallait un hymne idoine à cet évènement historique qui se profilait. Et San Francisco est celui qui sacralise le plus le mouvement hippie et le « pouvoir des fleurs » que l’on retrouve ici dans les cheveux ! D’autant que comme son titre l’indique, il parle de San Francisco qui était alors le berceau de la contre-culture. C’est dans la baie de Frisco que se réunirent d’abord les beatniks, les freaks et les hippies de tout horizon avec l’espoir de vivre en communauté dans la paix et l’amour. Pas étonnant donc que cette nouvelle Jérusalem eut droit à son cantique. Et c’est le baladin McKenzie qui aura l’honneur de graver ses initiales en lettres d’or dans le grand livre des sixties. Pourtant c’est bien de l’autre côté du pays, en Floride, qu’il voit le jour avant de partir un peu plus au nord en Caroline puis en Virginie. C’est durant son enfance qu’il fait la rencontre du futur Papa’s John Phillips avec qui il devient ami. Les deux partent tenter leur chance à New-York qui est alors le temple de la folk music avec Bob Dylan et Joan Baez en prophètes. Ils décrochent un contrat avec Decca sous le nom des Smoothies. A la même époque, Philip Wallach Blondheim de son vrai nom décide de prendre le pseudonyme plus accrocheur de Scott McKenzie sur les conseils de Jackie Curtis, actrice et égérie de Warhol, qui lui trouve des ressemblances canines avec un terrier écossais (Scottie dog). The Smoothies sortent seulement deux petits singles avant de laisser place en 1961 aux Journeymen après leur rencontre avec Dick Weissman. La musique folk est alors à son apogée et le trio sort trois albums chez Capitol Records avant que la Beatlemania déboule et bouleverse le paysage musical. John Phillips déménage ensuite en Californie avec ses nouveaux partenaires Cass Eliott, Michelle Williams et Denny Doherty pour fonder les Mama’s & Papa’s. McKenzie est un temps approché pour être un Papa’s mais ce dernier préfère tenter sa chance en solo. En vain, il rejoint finalement Los Angeles deux ans plus tard pour signer avec le producteur Lou Adler chez Ode Records (qui comptera quelques années plus tard dans ses rangs Carole King). Il retrouve son pote Phillips qui lui explique le projet dantesque qu’il est en train de monter. Plusieurs jours de concerts dans le but de promouvoir et démocratiser la musique rock avec en tête d’affiche les groupes de la côte ouest. Et plus précisément de San Francisco qui recèle depuis quelques mois un vivier très intéressant. Le festival pop de Monterey qui prend place du 16 au 18 juin 1967 constitue le premier grand évènement pop-rock de l’histoire, ces derniers étant avant réservés au jazz ou au folk. Pour ce faire il a composé un hymne, San Francisco (Be Sure to Wear Some Flowers in Your Hair), afin de calmer les appréhensions des autorités locales, pas très chaudes à voir débarquer des milliers de jeunes sur Monterey. Mais pourquoi avoir peur de hippies ornés de fleurs dans les cheveux ? Phillips avoue l’avoir composé avec McKenzie en tête comme interprète. Celui-ci ne se fait pas prier et l’enregistre quelques jours seulement avant l’ouverture du festival où il l’interprétera avec les Mama’s & Papa’s en accompagnateurs. Le single sorti au printemps devient le péan du mouvement hippie et des milliers de jeunes qui aspirent à prendre la route pour la Mecque de San Francisco. En réalité, l’exode a déjà débuté depuis pas mal d’années. De nombreux musiciens locaux virent d’ailleurs d’un mauvais œil cette ballade un peu naïve qui empiétait sur leur scène. Surtout venant d’un compositeur de Los Angeles et d’un chanteur de New-York ! McKenzie retomba bien vite dans l’anonymat après San Francisco, surtout que le « Summer of Love » fut relativement éphémère et les fleurs vite fanées. On le retrouvera quelques vingt ans plus tard comme compositeur de Kokomo, le hit des Beach Boys présent dans le film Cocktail de 1988 avec Tom Cruise. A noter aussi que le titre Massachussetts des Bee Gees sorti en septembre 1967 est une réponse directe à San Francisco, narrant l’épopée d’un beatnik venu dans la baie mais souffrant du mal du pays.

Le single se classe numéro 1 en Angleterre dès sa sortie où il reste encore aujourd'hui le morceau au titre le plus long. Aux Etats-Unis, il grimpe à la 4ème place du Billboard Hot 100 ainsi que du Cash Box Top 100 dès le début du « Summer of Love » pour une durée de quatre semaines. Il est aussi numéro un dans de nombreux pays d’Europe comme la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Norvège. San Francisco s’est vendu à plus de sept millions d’exemplaires à travers le monde, devenant un hymne planétaire à la contre-culture et fut largement diffusé lors du printemps de Prague en 1968.

Le morceau a été repris par les Shadows, Petula Clark, Tanya Tucker, Hubble Bubble, Vince Hill, Jackie Edwards, Julie Felix et Brook Benton. Il a aussi la particularité d’avoir été joué par de nombreux orchestres comme celui de Paul Mauriat, John Schroeder ou Raymond Lefèvre. En France c’est encore Johnny Hallyday qui signe la première adaptation en octobre 1967, San Francisco se retrouvant sur le EP du même nom aux côtés de Mon fils, Fleurs d’amour et d’amitié et Psychedelic.

Paroles :

If you're going to San Francisco
Be sure to wear some flowers in your hair
If you're going to San Francisco
You're gonna meet some gentle people there

For those who come to San Francisco
Summertime will be a love-in there
In the streets of San Francisco
Gentle people with flowers in their hair

All across the nation
Such a strange vibration
People in motion
There's a whole generation
With a new explanation
People in motion
People in motion

For those who come to San Francisco
Be sure to wear some flowers in your hair
If you come to San Francisco
Summertime will be a love-in there

If you come to San Francisco
Summertime will be a love-in there

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