Bobby Hebb - Sunny

Les Etats-Unis forment un pays qui fut marqué par de multiples tragédies au cours de son histoire. De l’attaque de Sir Drake contre Saint-Augustine en 1586 aux attentats du 11 septembre 2001, la nation vit souvent le sang couler sur ses propres terres. Et un des faits les plus marquants du XXème siècle reste l’assassinat de John F. Kennedy à Dallas le 22 novembre 1963. Du jamais vu pour un président américain en activité depuis Abraham Lincoln en 1865. La mort de Kennedy reste un épisode douloureux pour tous les yankees et eut un impact considérable dans le monde entier qui vit pour la première fois se fissurer le mythe du rêve américain. Tous ceux qui étaient en âge de se rappeler cette date se souviennent des circonstances exactes du moment où ils apprirent la nouvelle. C’est le cas de Bobby Hebb pour qui ce drame eut une portée doublement symbolique, le lendemain étant marqué par la mort de son frère aîné. Sa carrière avait débuté à ses côtés dans les clubs et théâtres de leur Nashville natal où ils apprirent le chant et la danse. Le jeune Bobby décide ensuite de tenter sa chance à Chicago où il sera amené à travailler avec Bo Diddley et Little Walter. Puis durant son service militaire dans la marine il incorpore un jazz band où il exerce ses talents de multi-instrumentiste à la trompette. C’est à cette même époque qu’il signe son premier single Night Train to Memphis (octobre 1960). Il rejoint ensuite la tournée de la chanteuse pop Sylvia Robinson qui vient de quitter le duo Mickey & Sylvia (Love is Strange, 1957) qu’elle formait avec Mickey Baker. Le lendemain du drame de Dallas donc, Bobby Hebb encore bouleversé comme des millions de compatriotes apprend le décès de son frère Hal, poignardé à la sortie d’un nightclub de Nashville durant une rixe qui tourna mal. Il décide alors de coucher ses émotions dans une chanson cathartique et met moins de quarante-huit heures pour pondre Sunny. Plus précisément à la sortie du bar le Brandy’s sur la 84ème à New York où Hebb était venu noyer son chagrin dans une bouteille de whisky Tennessee Sipping. Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, le cadet endeuillé préfère accoucher d’un titre gai et optimiste aux antipodes de son état du moment. Il déclara par la suite qu’il avait voulu composer un morceau antinomique au déprimant Just Walkin’ in the Rain (composition de Johnny Bragg un taulard condamné à perpétuité pour une série de viols) le hit de l’année 1956 par Johnnie Ray. Hebb écrit un texte universel qui a souvent été sujet à de nombreuses interrogations sur son destinataire pouvant autant s’agir d’une fille, d’un ami, d’un parent voire même de Dieu selon certains. Il couve sa création une douzaine de mois avant que la chanteuse japonaise Mieko Hirota grave la première version en 1965. L’année suivante il enregistre lui-même sa chanson avec tout le gratin du jazz new-yorkais, Joe Grimaldi, Artie Kaplan, Paul Brown ou encore Artie Butler. Le succès est immédiatement au rendez-vous (la version de Cher sortie au même moment y fut pour beaucoup) et amène Bobby Hebb à ouvrir pour les Beatles du 12 au 29 août lors de leur dernière tournée américaine (et de leur histoire par ailleurs). Ironiquement, le dernier concert au Candlestick Park de San Francisco le vit interpréter Sunny en soirée dans une véritable purée de pois à couper au couteau. Le soleil se coucha définitivement pour Hebb le 3 août 2010 dans sa ville natale de Nashville.

Le single grimpe à la deuxième place du Billboard Hot 100 au mois d’août (derrière Summer in the City par Lovin’ Spoonful), à la troisième place des classements R&B et est certifié numéro un des charts Cash Box. Au Canada, il campe sur la deuxième marche du podium. Au Royaume-Uni, Sunny finit à la 12ème position. Dès sa sortie, le disque s’écoule à plus d’un million d’exemplaires.

La liste des reprises de Sunny est longue comme le bras. On retrouve entre autres, Marvin Gaye, Boney M, James Brown, Stevie Wonder, Cher, George Benson, Dusty Springfield ou bien Johnny Rivers. Plus récemment, Jamiroquai, Ayo ou encore Rhoda Scott s’en sont chargés. En France, le titre est adapté l’année de sa sortie par Richard Anthony (« Sunny, ce matin encore c’était l’hiver ») sous la plume de Jacques Plante. Deux ans plus tard, c’est le québécois Michel Pagliaro qui grave cette même version sur son premier album. Les Coquettes, Les Phénomènes puis Eddy Mitchell viendront s’ajouter à cette ribambelle d’artistes francophones.

Le couplet et le refrain comprennent les quatre notes du thème de James Bond. Le premier film de la franchise, James Bond contre Dr. No, était sorti aux Etats-Unis le 8 mai 1963 soit seulement quelques mois avant la composition de Bobby Hebb. On peut clairement s'en rendre compte dans les premières secondes de la vidéo ci-dessous qui date de 1972.

Paroles :

Sunny
Yesterday my life was filled with rain
Sunny
You smiled at me and really eased the pain
Now the dark days are gone, and the bright days are here
My sunny one shines so sincere
Sunny one so true, I love you

Sunny
Thank you for the sunshine bouquet
Sunny
Thank you for the love you brought my way
You gave to me your all and all
And now I feel ten feet tall
Sunny one so true, I love you

Sunny
Thank you for the truth you let me see
Sunny
Thank you for the facts from A to Z
My life was torn like wind-blown sand
And a rock was formed when you held my hand (oh, sunny)
Sunny one so true, I love you.

Sunny
Thank you for the smile upon your face
Hmm, sunny
Thank you, thank you for the gleam that shows its grace
You're my spark of nature's fire
You're my sweet complete desire
Sunny one so true, yes, I love you

Sunny
Yesterday, all my life was filled with rain
Sunny
You smiled at me and really-really eased the pain
Now the dark days are gone, and the bright days are here (oh, sunny)
My sunny one shines so sincere
Sunny one so true, I love you
I love you (sunny)
I love you (sunny)
Signin' I love you (sunny)
Yes, I love you (sunny)

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