Iron Butterfly - In-A-Gadda-Da-Vida

Les trois années que furent 1967, 1968 et 1969 font partie des plus prolifiques de l’histoire de la musique. Les plus grands albums furent enregistrés durant cette courte période qui marque la fin des sixties et par la même occasion la fin du rêve hippie, du Summer of Love à Altamont. Si 68 rappelle au bon souvenir des mouvements sociaux qui éclatèrent un peu partout en Europe, les assassinats de Martin Luther King et Robert Kennedy, l’élection de Nixon, le baroud d’honneur de De Gaulle, la guerre au Biafra, le « black podium » des J.O. de Mexico ou encore l’enlisement des troupes américaines au Vietnam, tous ces évènements eurent des répercussions plus ou moins conséquentes sur la musique. Odessey and Oracle des Zombies, Beggars Banquet des Stones, Cheap Thrills de Janis Joplin, Music from the Big Pink de The Band, S.F. Sorrow des Pretty Things, Live at Folsom Prison de Johnny Cash, Electric Ladyland de Jimi Hendrix, A Saucerful of Secrets de Pink Floyd, Wheels of Fire de Cream. Sans compter les LP éponymes de Blood Sweat & Tears, Traffic, Soft Machine ou Taj Mahal. Et surtout celui des Beatles alias The White Album (l’album blanc) qui synthétise parfaitement tous les courants musicaux actuels et à venir dans un double LP éclectique au possible. Un simple échantillon de cette « annus mirabilis » auquel vient s’ajouter ce second opus du groupe de San Diego, Iron Butterfly. Après avoir fait ses armes dans les clubs de L.A. comme le Whisky-A-Go-Go ou le Galaxy Club, le « papillon d’acier » signe un contrat avec Atlantic et sort son premier album Heavy dans la foulée. Malgré l’absence de singles dans les charts, le premier essai est un franc succès commercial. Iron Butterfly est donc attendu au tournant du toujours difficile second LP. Et autant dire qu’ils vont confirmer toutes les attentes placées en eux. Même si comme souvent dans l’histoire des plus gros hits, c’est par le fruit du plus grand des hasards que va voir le jour leur titre le plus emblématique. En plein enregistrement de ce qui deviendra In-A-Gadda-Da-Vida, le groupe présent en studio prend son mal en patience en attendant le producteur Jim Hilton qui a du retard. Ils se lancent alors dans un bœuf à rallonge comme le font souvent les musiciens entre deux prises. Tout part d’une idée de l’organiste Doug Ingle qui avait composé ce morceau des années auparavant sur inspiration de son père qui était lui-même organiste d’église. Un soir où il est rond comme une queue de pelle, il décide de jouer sa trouvaille à son batteur Ron Bushy. Quand ce dernier lui demande le titre, il tente vainement d’articuler In the Garden of Eden (Dans le jardin d’Eden). Mais il est tellement saoul que Bushy ne parvient à comprendre que In a Gadda Da Vida, ce qu’il note sur la partition où il finit d’écrire les paroles. La maison de disques ordonnera que ce titre, qui évoque des sonorités mystiques et orientales, soit conservé. Initialement prévu pour être d’une durée habituelle, le morceau constituait déjà une longue jam de plus de trente-cinq minutes du temps où Iron Butterfly jouait au Whisky-A-Go-Go. Des groupes comme Pink Floyd au club U.F.O. de Londres ou Grateful Dead à l’Avallon de San Francisco avaient déjà pour habitude d’étaler leurs titres en concert au-delà des vingt minutes. Et même si certains de leurs premiers enregistrements dépassent les dix minutes, aucun n’a encore gravé une face entière de vinyle. Donc quand ce morceau est la base de la « jam session » initiée aux studios Ultrasonic de Long Island, l’ingénieur du son a la bonne idée de laisser tourner les bandes. Chaque membre fait alors l’étalage de tout son talent d’instrumentiste, de l’organiste au guitariste Erik Brann en passant surtout par ce solo anthologique du batteur Ron Bushy dépassant les deux minutes trente qui restera gravé dans les annales du rock. La performance générale est d’ailleurs d’un tel niveau que la première prise est la bonne et celle qui finira sur le disque. L’ambiance du morceau est sublimée par un procédé sonore encore méconnu : le phasing (filtrage de fréquences). Il se voit d’ailleurs le précurseur du courant heavy-metal, terme né quelques mois auparavant du Born to Be Wild de Steppenwolf. L’héritage de In-A-Gadda-Da-Vida va être particulièrement lourd à assumer pour le « papillon d’acier ». D’autant que l’été suivant, ils louperont l’occasion d’entrer définitivement dans l’histoire en restant coincé à l’aéroport alors qu’ils sont en route pour le festival de Woodstock. La formation originelle éclatera deux années plus tard laissant les membres d’Iron Butterfly papillonner dans tous les sens.

In-a-Gadda-da-Vida étant d’une longueur exceptionnelle, la sortie en 45 tours posa pas mal de problèmes. Plusieurs versions virent donc le jour, tournant autour d’une durée de 3 à 5 minutes, épurées des nombreux soli. L’une d’entre elles atteignit la 30ème place de l’U.S. Billboard. C’est surtout l’album intitulé lui-aussi In-a-Gadda-Da-Vida, contenant le titre dans son intégralité, qui connut un large succès. Il s’écoulera à plus de quatre millions de copies rien qu’aux Etats-Unis et sera la plus grosse vente de l’année 1969 devant les Beatles, les Stones ou Elvis ! Au total ce sont plus de trente millions d’albums qui seront vendus mondialement, plaçant Iron Butterfly dans les plus gros vendeurs de l’histoire. Et consacrant le groupe comme détenteur du premier disque de platine de l’industrie musicale !

Le morceau, de par sa structure étirée et très personnelle, a été repris par une poignée d’artistes seulement. The Incredible Bongo Band, Boney M, Slayer, The Seclusions ou Mongo Santamaria.

Paroles :

In a gadda da vida, honey
Don't you know that I'm lovin' you
In a gadda da vida, baby
Don't you know that I'll always be true

Oh, won't you come with me
And take my hand
Oh, won't you come with me
And walk this land
Please take my hand

In a gadda da vida, honey
Don't you know that I'm lovin' you
In a gadda da vida, baby
Don't you know that I'll always be true

Oh, won't you come with me
And take my hand
Oh, won't you come with me
And walk this land
Please take my hand

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