The Troggs - Wild Thing

Porté par ce riff sale et primitif, cette « chose sauvage » n’est pas le fruit des troglodytes (Troggs) anglais de Reg Presley mais issue d’un obscur folkeux new-yorkais, Chip Taylor. En fait pas si obscur que ça, le brave monsieur se trouvant être le frère de l’acteur Jon Voight, lui-même père de l’actrice Angelina Jolie. Ce titre lui rapportera une montagne d’or en droit d’auteur (par ses différentes reprises et utilisations dans les publicités et au cinéma) qu’il dilapidera en joueur invétéré, pariant jusqu’à 10.000 dollars par jour, au point de se faire bannir de tous les casinos de Las Vegas. Il composera tout de même quelques autre perles comme Angel of the Morning (numéro un de Merrilee Rush en 1968) ou I Can’t Let Go offert aux Hollies de Graham Nash. Taylor pond en quinze minutes son Wild Thing sur trois accords avec ce rythme saccadé inspiré du Heartbreak Hotel d’Elvis Presley. Il l’offre en première main à Jordan Christopher & The Wild Ones (titre anglais de L’équipée sauvage avec Marlon Brando), un groupe de nightclub sans grande ambition qui massacrera la nature fougueuse du morceau passé inaperçu et laissera choir rapidement cette éphémère formation dans les méandres de l’oubli. Enfin pas tout à fait car Larry Page, manager des Troggs, entend ce titre lors d’un passage à New York. Il se dit alors qu’il tient là l’onde de choc nécessaire à l’envol de ses poulains dont le premier single a fait un flop retentissant. Les caverneux Troggs enregistrent le morceau et leur hit suivant With a Girl Like You en vingt minutes chrono, profitant d’un studio réservé par Page pour un orchestre qui avait déserté les lieux avant l’heure. Les riffs fiévreux crachés par la Gretch Country Gentleman de Chris Britton (qu’il se fera faucher en 1978 lors d’un concert à Marseille) mariés au chant lascif et explicite de Reg Presley traduisent cette urgence agressive presque déplacée. Sur les démos ramenées dans les valises de Page, le pont se résumait à un air siffloté par Chip Taylor, ce dernier ayant rien trouvé de mieux. Qu’importe, un ocarina qui trainait dans le studio fit rapidement l’affaire (ce petit solo d’ocarina deviendra le seul de l’histoire à atteindre le sommet des charts américains) et embrouilla des années durant ceux qui pensaient entendre là une partition d’orgue. Mais il serait iconoclaste de terminer sans évoquer la reprise pyroclastique de Jimi Hendrix à Monterey en juin 1967. Après que ce dernier se soit écharpé avec les Who (qui connaissaient l’énergie de son set pour l’avoir observé à Londres) sur l’ordre de passage en clôture du festival, l’enfant vaudou est obligé de sortir le grand jeu et un autre prestige que simplement fracasser sa guitare sur scène, apanage déjà régulier de Pete Townshend. Il promet d’ailleurs à ce dernier un show exceptionnel et pour cause. En pleine démonstration de sa virtuosité (et de sa solide dentition), Hendrix s’agenouille devant sa Stratocaster grinçante pour l’asperger d’essence à l’aide d’une burette. Il balance ensuite la bête enflammée à son ampli dans une cacophonie des feux de l’Enfer qui finira de bâtir sa légende en terre ricaine. Comment faire pire « chose sauvage » ?

Wild Thing atteint la deuxième marche des charts anglais. Le single entre dans l’U.S. Billboard le 25 juin 1966 pour passer en deux semaines seulement de la 47ème à la 6ème place. Il décroche finalement la première place le 30 juillet pour quinze jours. Au total, il restera onze semaines dans le classement dont huit dans le top 10.

Le titre est devenu au fil du temps un classique et un rite de passage ordinaire pour toute formation rock. Outre la version incendiaire de Jimi Hendrix, The Kingsmen, Fancy, Cheap Trick, The Goodies, Jeff Beck, The Runaways, Armando Peraza et même Amanda Lear se sont tous chargés de signer leur reprise. En France, c’est le groupe parodique de punk qui le reprendra en 1979 sous le nom ironique Chose molle.

Paroles :

Wild thing, you make my heart sing
You make everything groovy, wild thing
Wild thing, I think I love you
But I wanna know for sure
Come on and hold me tight
I love you

Wild thing, you make my heart sing
You make everything groovy, wild thing
Wild thing, I think you move me
But I wanna know for sure
Come on and hold me tight
You move me

Wild thing, you make my heart sing
You make everything groovy, wild thing
Wild thing, you make my heart sing

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