C’est un des riffs les plus populaires du hard rock qui permit au genre d’asseoir son statut durant la décennie seventies. Au même titre que Smoke on the Water (1972) de Deep Purple ou Sunshine of Your Love (1967) de Cream. L’influence du trio londonien aura traversé l’Atlantique pour se ressentir sur la formation new-yorkaise de Mountain, férue de British blues. Le bassiste Felix Pappalardi aura d’ailleurs été à bonne école, lui qui a produit les albums du super-groupe de Clapton depuis Disraeli Gears (1967) leur écrivant même le hit Strange Brew. Las de produire des galettes de rythm & blues traditionnel aux années soixante, sa rencontre avec l’imposant Leslie West marque les prémices de sa reconversion professionnelle. Membre du groupe R&B The Vagrants, ce dernier est lui-aussi désireux de durcir sa musique vers ce qui se verra bientôt nommé hard-rock. Pappalardi l’aide à produire son premier effort solo Mountain (1969) qui passera vite inaperçu mais aura au moins le mérite d’offrir le nom de leur future formation. Avec Steve Knight aux claviers et N.D. Smart derrière les fûts, le quatuor prend la route dès l’été 1969 et se retrouve après seulement trois concerts joués au légendaire festival de Woodstock. Le chaleureux accueil du public les conforte dans leur projet mais malheureusement la performance ne se retrouvera pas sur le film de l’évènement sorti en mars 1970 (quelques chutes finiront sur l’édition du… 40ème anniversaire). A l’issue de ces « trois jours de paix et de musique », Smart prend la poudre (blanche) d’escampette et laisse sa grosse caisse au canadien Corky Laing. Son arrivée scelle la formation classique de Mountain telle qu’on la retrouvera sur le premier opus Climbing! (1970) mais va surtout offrir au groupe son hymne caractéristique et intemporel. En effet lors des sessions d’enregistrement, le tout nouveau batteur se rend à l’appartement de Leslie West pour lui soumettre son idée. Il lui narre une drôle d’anecdote du temps où il jouait pour son ancien groupe Energy (qui vit aussi passer Pappalardi dans ses rangs). Une nuit torride où ils étaient à l’affiche d’un bar de Cape Cod, une péninsule du Massachussetts, ils durent faire avec une coupure générale de courant. Le thermomètre ayant battu des records l’après-midi, tous les habitants de la presqu’île s’étaient jetés sur l’air conditionné. Dans la moiteur du nightclub, les lumières d’urgence s’allumèrent et laissèrent le groupe Energy (!) dans le ridicule et l’ironie de la situation. Faisant face à une foule surexcitée sous amphétamine, le show dut se tenir « unplugged » avec Corky Lang redoublant d’effort aux percussions. Il se rappela alors qu’une groupie laissée raide défoncée en coulisses venait du sud et se mit à brailler : « Mississippi queen, You know what I mean » durant plus d’une heure. C’est sur ses quelques vers et une simple assise rythmique que Leslie West se met à tâtonner le manche pour accoucher d’un riff et de trois accords magiques. De retour aux studios Record Plant, Pappalardi suggère que la mesure soit donnée par une cloche à vache, ce qui deviendra la signature du morceau. Le procédé avait déjà été utilisé l’année précédente par les Stones sur Honky Tonk Women (1969) et deviendra le péan des « Cowbell Songs » avec Don’t Fear the Reaper de Blue Oyster Cult (1976) ou Hair of the Dog de Nazareth (1975). Le thème de Mississippi Queen porte bien évidemment sur une jeune femme peu farouche mais avec la sortie un an plus tôt de Proud Mary par Creedence Clearwater Revival (qui fut lui aussi mal interprété), l’idée que le morceau portait encore sur un bateau mouche naviguant sur le grand fleuve fit son chemin. Le Mississippi sera d’ailleurs indissociable de la vie de Leslie West qui se verra amputé d’une partie de sa jambe en 2011 après un concert à Biloxi, suite aux complications liées à son diabète.
Le single grimpe jusqu’à la 21ème place du Billboard Hot 100, ce qui restera le meilleur classement du groupe. Le morceau étant un classique du hard rock, il fut repris par de nombreux artistes de la même veine puis du genre metal comme Ozzy Osbourne, Sam Kinison, Van Halen, Molly Hatchet ou encore Ministry. Il semble qu’il n’y ait eu aucune adaptation française.
Mississippi Queen
You know what I mean
Mississippi Queen
She taught me everything
Went down around Vicksburg
Around Louisiana way
Where lived the Cajun Lady
Aboard the Mississippi Queen
You know she was a dancer
She moved better on wine
While the rest of them dudes were gettin'
their kicks
Boy, I beg your pardon, I was gettin' mine
Mississippi Queen
If you know what I mean
Mississippi Queen
She taught me everything
This lady she asked me
If I would be her man
You know that I told her
I'd do what I can
To keep her lookin' pretty
Buy her dresses that shine
While the rest of them dudes were makin'
their friends
Boy, I beg your pardon, I was loosin' mine
You know she was a dancer
She moved better on wine
While the rest of them dudes were gettin'
their kicks
Boy, I beg your pardon, I was gettin' mine
Yeah, Mississippi Queen