C’est dans les bas quartiers prolos de Birmingham que Kevin Rowland monte son premier groupe The Killjoys, porté vers le punk qui emporte tout sur son passage en cette année 1978. De la rage et de l’amertume, il en a son lot à revendre lui le gamin issu d’une famille catholique irlandaise dans une Angleterre protestante encore fragilisée par le Bloody Sunday de 1972. Surtout que pour enfoncer un peu plus le clou, Rowland fut enfant de chœur dans l’église de son quartier, ce qui lui valut moqueries et passages à tabac réguliers. Mais il se rend rapidement compte que le punk n’est pas trop sa « cup of tea », lui passionné de Motown et de musique pop. Il faut reconnaître que Birmingham a toujours été un nid d’amoureux de la musique afro-américaine, les radio pirates et les disquaires locaux donnant un sacré coup de pouce pour la faire connaitre et reconnaitre. Des pubs comme « The Eagle » virent défiler de jeunes gens prometteurs dans les années soixante comme Steve Winwood ou Robert Plant venus sirotter leurs premières pintes et s’abreuver de rythm & blues. Kevin Rowland décide donc d’assumer pleinement ses racines irlandaises et sa passion pour le pop/rock en fondant Dexys Midnight Runners (Dexy est l’abréviation de Dexedrine, un dérivé de l’amphétamine utilisé par les adeptes de la Northern Soul). Le groupe se rendra vite célèbre pour ses arrivées et départs au sein de la formation, le caractère de son leader n’étant pas des plus faciles à vivre. Ce qui ne les empêche pas pour autant de décrocher assez rapidement leur premier numéro un anglais (et numéro deux en Irlande) en 1980 avec Geno, premier hommage aussi à une de leurs idoles Geno Washington, chanteur soul américain. Peaufinant avec soin son second LP, Rowland va se munir d’une section cuivre et violons dans l’espoir d’atteindre la sonorité celtique de ses origines. Composé avec la complicité de son guitariste Al Archer et son tromboniste Jim Paterson, Come on Eileen synthétise à la perfection cette volonté. Loin, très loin des standards de l’époque, sans synthétiseurs mais banjos, accordéons et violons. Parti du simple onomatopé « too ra loo ra » qui donnera son nom à l’album Too-Rye-Ay, le morceau désoriente par sa structure musicale complexe et volage, ses nombreux changements de tempo et de notes. Le rythme cardiaque des percussions « bomp ba bomp, bomp ba bomp » fut inspiré du hit de 1965 Concrete & Clay par Unit 4+2. Le récit, malgré que certains en nient l’hypothèse, trouve son origine dans l’enfance de Rowland. La fameuse Eileen était une copine d’enfance avec qui il grandit, leur amitié se muant en premier flirt à l’adolescence. Il exprime dans ses paroles l’excitation du premier rapport, lui qui fut élevé dans une famille pieuse et puritaine où le sexe était considéré comme sale et tabou. Les premiers vers évoquent un certain Johnnie Ray qui faisait pleurer dans les chaumières quand ses titres passaient à la radio. C’est encore un clin d’œil appuyé à la jeunesse de Rowland, Ray chanteur populaire américain connut son heure de gloire dans les années cinquante avant de se reconvertir dans le cinéma la décennie suivante. Il fut d’ailleurs cité dans de nombreuses chansons des années quatre-vingt comme We Didn’t Start the Fire de Billy Joel ou Don’t Need a Gun de Billy Idol. Des images d’archive de son arrivée à Heathrow en 1954 sont aussi employées dans le clip vidéo de Come on Eileen, cette dernière étant d’ailleurs jouée par l’actrice Maire Fahey, sœur de Siobhan du groupe Bananarama. Comme il était devenu monnaie courante, la plate-forme MTV en plein âge d’or joua un rôle crucial dans le succès du morceau aux Etats-Unis. La carrière de Dexys explosa à ce point précis mais sans pour autant répondre aux attentes, en partie minée par des problèmes internes et la personnalité épineuse de Rowland. Ce dernier finira par se lancer dans une carrière solo à la fin des années quatre-vingt sans grand succès mais laissant l’avenir de son groupe en suspens. Ce qui ne fut pas le cas de son Come on Eileen, inscrit en lettres d’or dans le répertoire des One-Hit Wonders, au point d’être utilisé en août 2005 par la NASA pour réveiller l’équipage de la navette spatiale Discovery dont le commandant de bord s’appelait… Eileen Collins.
Come on Eileen raffle la première place des charts anglais, belges, suisses, australiens, néo-zélandais et irlandais où le morceau va devenir un classique. Il se paye le luxe d’éjecter Billie Jean de Michael Jackson de la première place du Billboard américain où il campera six semaines durant avant d’être détrôné par… Beat it du même Jackson (les deux singles sont issus du best-seller Thriller). Le single s’est vendu à un million et demi de copies depuis sa sortie. Le morceau aura quand même l’honneur de finir single de l’année en Grande-Bretagne et son LP Too-Rye-Ay meilleure vente de l’année 1982.
Le titre a été repris ensuite par Black Lace, Leinemann, Skyclad, Save Ferris, Hermes House Band et Lou Bega.
Come on Eileen
Come on Eileen
Poor old Johnny Ray
Sounded sad upon the radio
But he moved a million hearts in mono
Our mothers cried, sang along, who'd blame them
You're grown (so grown up)
So grown (so grown up) now I must say more than ever
Come on Eileen
Too ra loo ra too ra loo rye aye
And we can sing just like our fathers
Come on Eileen, oh I swear (what he
means)
At this moment, you mean everything
You in that dress, my thoughts I confess
Verge on dirty
Ah, come on Eileen
Come on Eileen
These people 'round here
Wear beat down eyes sunk in smoke dried faces
They're resigned to what their fate is
But not us, (no never) no not us (no never)
We are far to young and clever
Remember
Too ra loo ra too ra loo rye aye
And you'l hum this tune forever
Come on Eileen oh I swear (what he
means)
Ah come on lets, take off everything
That pretty red dress, Eileen (tell him yes)
Ah come on lets, ah come on Eileen
That pretty red dress, Eileen (tell him yes)
Ah come on lets, ah come on Eileen, please
Come on Eileen too rye aye
Come on Eileen too rye aye
Now you're full grown
Now you have shown
Oh, Eileen
Said, come on Eileen
These things they are real and I know
How you feel
Now I must say more than ever
Things round here have changed
I say, too ra loo ra, too ra-loo rye aye
Come on Eileen
Oh, I swear (what he means)
At this moment, you mean everything
You in that dress, my thoughts I confess
Verge on dirty
Aah, come on Eileen
Oh, come on Eileen
Oh, I swear (what he means)
At this moment, you mean everything
In that dress, oh my thoughts I confess
Well, they're dirty
Come on Eileen
Come on Eileen