Jerry Lee Lewis - Great Balls of Fire

Jerry Lee Lewis est un OVNI en roue libre dans la galaxie rock & roll. Il est un peu comme l’oncle débraillé qui arrive déjà torché au repas de famille dominical et s’écroule dans le plateau de fruits de mer en tirant sur la nappe. Si Elvis s’est vu la proie d’une véritable chasse aux sorcières dans l’Amérique puritaine des années cinquante, il fait pâle figure en comparaison des frasques du Killer. Dès son plus jeune âge il démontre un goût prononcé pour la musique, poussant ses paysans de parents à hypothéquer la ferme familiale en Louisiane pour lui payer son premier piano, mais aussi un net penchant pour les conneries. Ce qui força sa mère à l’inscrire dans un institut privé au Texas régi par des chrétiens évangélistes pas forcément enclins à la plaisanterie. Le jeune Jerry est contraint aux chants liturgiques mais en profite pour perfectionner son apprentissage du clavier. Quand il se fait (enfin) virer pour avoir joué une version très boogie-woogie de My God is Real dans une église pleine à craquer, il part écumer les clubs du Mississippi et de Louisiane. En pleine émergence du rock & roll, il s’essaye même à la guitare lors d’un périple à Nashville où il est éconduit du légendaire tremplin radio country « Grand Ole Opry ». Le salut arrive à Memphis quand il signe chez Sun Records, label de Sam Phillips, celui-là même qui lança la carrière d’Elvis, Carl Perkins, Johnny Cash ou Roy Orbison. Le succès est immédiat avec le 45 tours Whole Lotta Shakin’ Goin’ On, une reprise de la chanteuse rythm & blues Big Maybelle qui fait la part belle au piano endiablé de Lewis et son tempo rockabilly. Il prouve alors que la guitare n’a pas le monopole de la musique rock ni de son esprit, martyrisant son instrument avec une rare sauvagerie. C’est ce que les américains découvrent devant leur poste de télévision le 28 juillet 1957 au Steve Allen Show. Un blondinet surexcité jouant de son clavier comme un possédé, la mèche dans les yeux, se tenant même debout après avoir éjecté son tabouret d’un coup de pied. Du jamais vu. Les ventes explosent. Après la révélation, vient donc l’heure de la consécration que sonne le single suivant : Great Balls of Fire. Œuvre du duo de compositeurs Jack Hammer (alors membre des Platters) et Otis Blackwell (à qui on doit Fever ou encore Don’t Be Cruel et All Shook Up de Presley), le titre tire ses origines d’une expression courante dans le sud du pays pour traduire la surprise ou l’étonnement et que l’on pourrait vaguement traduire par « Bonté divine ». Car la locution sudiste trempe dans le religieux, évoquant un passage du Nouveau Testament : « Des langues de feu leur apparurent séparées les unes des autres et se posèrent sur chacun d’eux » acte 2, versets 1-4. Mais replacée dans le contexte du morceau, l’expression prend une connotation toute différente qui laisse peu de place à l’imagination. Même Lewis se remémorant son passé d’enfant de chœur eut quelques hésitations à l’enregistrer. Mais il suffira de cette seule journée du 8 octobre pour que la chanson soit mise en boîte avec la contribution de bassiste et batteur. Quand Great Balls of Fire déboule dans les charts, les émissions télé et dans les charts, c’est le carton plein. La performance du Bad Boy dans le film Jamboree sorti la même année avec à l’affiche les plus fidèles représentants de la jeunesse (Fats Domino, Carl Perkins, Frankie Avallon) contribue aussi grandement au succès du morceau. Ce qui n’est pas au goût de tout le monde, notamment les associations chrétiennes, évangélistes et autres prédicateurs qui hurlent au blasphème et toute une génération de parents qui voient rouge. Ils auront pourtant l’occasion de s’en donner à cœur joie pour clouer Lewis au pilori quand le scandale de son mariage avec sa cousine de treize ans éclatera six mois plus tard (raconté ici). Ou bien cette nuit d’hiver 1976 où ivre mort il emboutit le large portail de la propriété de Graceland, armé d’un automatique dans l’idée de régler ses comptes avec le King. Mais en dépit de tous ses détracteurs, l’aura du Killer transcenda les générations. Comme Eric Clapton qui se souviendra de Jerry Lee Lewis comme le premier artiste rock qu’il vit à la télévision, ce qui le laissera en état de choc. Ou bien Bruce Springsteen qui déclarera sobrement qu’il est le rock & roll. Car jouer du rock & roll ne suffit pas, il faut le vivre. Et ça Lewis l’avait parfaitement compris.

A sa sortie le single atteint la deuxième place du Billboard américain. En Grande-Bretagne, il décroche la première place des charts. Il lui suffit de dix jours seulement pour s’écouler à un million d’exemplaires rien qu’aux Etats-Unis. Mondialement, les ventes dépasseront les cinq millions.

Véritable monument du rock & roll, Great Balls of Fire va être repris entre autres par Billy J. Kramer, The Kingsmen, Aerosmith, Electric Light Orchestra, Johnny Winter ou Dolly Parton. En France, Dany Logan et ses Pirates l’adaptent sous le titre Tu mets le feu en 1961 paru sur l’album Je bois du lait.

Paroles :

You shake my nerves and you rattle my brain
Too much love drives a man insane
You broke my will, oh what a thrill
Goodness gracious great balls of fire

I learned to love all of Hollywood money
You came along and you moved me honey
I changed my mind, looking fine
Goodness gracious great balls of fire

You kissed me baby, woo, it feels good
Hold me baby, learn to let me love you like a lover should
You're fine, so kind
I'm a nervous world that your mine mine mine mine

I cut my nails and I twiddle my thumbs
I'm really nervous but it sure is fun
Come on baby, you drive me crazy
Goodness gracious great balls of fire

Well kiss me baby, woo-oooooo, it feels good
Hold me baby
I want to love you like a lover should
You're fine, so kind
I got this world that you're mine mine mine mine

I cut my nails and I twiddle my thumbs
I'm real nervous 'cause it sure is fun
Come on baby, you drive me crazy
Goodness gracious great balls of fire

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