Gene Vincent - Be-Bop-A-Lula

Le jeune Eugene Vincent Craddock de son vrai nom connut une vie déroutante à la fin tragique. Enfant, il passe des heures dans les églises de sa Virginie natale pour s’imprégner des chants de gospel. Quand il surprend un groupe de noirs taper sur des bidons à l’arrière de l’épicerie que tiennent ses parents, c’est sa première rencontre avec le blues et le rythm & blues. Il s’empresse alors de trouver une guitare bon marché pour travailler ses premiers accords. La route est alors toute tracée pour sa carrière musicale. Mais à dix-sept ans, sur un coup de tête, il triche sur son âge et s’engage dans l’U.S. Navy. Les États-Unis sont alors en pleine guerre de Corée et le jeune Vincent est donc envoyé aux larges des côtes du 38ème parallèle à bord de l’USS Wisconsin. Il reste mobilisé durant trois ans et c’est lors d’une de ses permissions que le premier drame survient. Inconditionnel du film L’équipée sauvage avec Marlon Brando, il se paye une Triumph avec sa prime militaire ce qui lui vaudra l’affection éternelle de la confrérie motarde et le pseudonyme de « Black Leather Rebel » pour sa tenue en cuir intégral. Lors d’une virée dans les rues de Norfolk, il est percuté par une Chrysler qui grille un feu rouge. Sa jambe gauche est broyée et l’amputation, un temps envisagée, est refusée à corps et à cris par le jeune homme. Il commence alors un interminable marathon des services hospitaliers pour de multiples passages sur le billard. C’est ici que la légende commence. Ce serait durant ses nombreux alitements qu’il aurait composé Be-Bop-A-Lula, alors qu’il séjournait à l’hôpital naval de Portsmouth. Mais la vérité livrée des années plus tard par le batteur Dickie Harrell est toute autre. Vincent et son premier manager Bill « Sheriff Tex » Davis ont en réalité acheté le morceau pour vingt-cinq dollars à Donald Graves, un patient qui séjournait dans le même hôpital. Ce procédé était alors très fréquent pour des sommes qui paraissent désormais dérisoires mais qui constituaient alors un pécule impossible à refuser. Quant aux paroles, elles font référence au comic « Little Lulu » et au be-bop, une danse issue du jazz très populaire à l’époque.

Après avoir monté un groupe The Blue Caps (en référence à la casquette d’Eisenhower qu’il portait au golf), Gene signe un contrat avec Capitol Records qui cherche un concurrent sérieux à l’étoile montante Elvis Presley. La sortie du premier single qui se trouve être Be-Bop-A-Lula leur donnera vite raison puisqu’il s’écoulera à plus de 200.000 copies dès le premier mois. Le morceau est immortalisé sur grand écran l’année suivante dans The Girl Can’t Help It (La Blonde et moi) aux côtés de Fats Domino, Little Richard et Eddie Cochran. A cette occasion il noue une forte amitié avec ce dernier au point de le suivre pour une tournée en Australie en 1957. Mais sa jambe continue de le faire atrocement souffrir et il plonge inexorablement dans l’alcool. En concert, « The Screaming Kid » se tortille comme un pantin désarticulé ce qui accentue son jeu de scène. Mais ce que le public ignore, c’est que sa jambe est enfermée dans une armature métallique dissimulée sous sa combinaison de cuir. Il continue pour autant à enchaîner les concerts contre les avis médicaux. Après un concert à Bristol le 17 avril 1960, il se retrouve dans un taxi qui coûtera la vie à son ami Eddie Cochran et le laissera encore plus abîmé qu’il ne l’est déjà. Cette tragédie le marquera jusqu'à la fin de ses jours. D’autant que sa carrière commence à décliner et comme nombre de ses pairs, l’ascension des Beatles et autres groupes anglais tourne définitivement la page des années cinquante. Gene Vincent est alors contraint de se produire aux quatre coins de l’Europe durant les sixties pour gagner sa vie. Il se produira même au théâtre de Lons-le-Saunier le jeudi 19 octobre 1967 ! L’homme en cuir traîne sa dèche (!) de bourgades en petites villes, souvent accompagné de bras cassés payés en pinte et pas foutus de jouer trois accords. Miné par ses problèmes conjugaux, ses enfants qu’il ne voit jamais et son addiction de plus en plus prononcée à l’alcool, il brûle à petits feux. Même si John Lennon lui offre une dernière heure de gloire en 1969 (son dernier titre classé remonte à 1961) quand il le convie à son Live Peace in Toronto, Gene Vincent ne retrouvera plus le succès. Et deux ans plus tard, de retour sans un radis au domicile de ses parents, il s’effondre sur le perron victime d’une hémorragie interne causée par un ulcère de l’estomac. L’héritage du « Screamin’ Kid » reste lourd et précieux pour toute la génération qui reprit le flambeau durant les sixties. Paul McCartney confessera que c’est le premier disque qu’il acheta. C’est aussi ce titre que John Lennon et ses Quarrymen jouaient quand le même McCartney se rendit à ce concert du 6 juillet 1957 pour les découvrir.

A sa sortie en juin 1956, le single grimpera à la 5ème place du Billboard et restera 20 semaines dans le classement. Pareil pour les charts du Cashbox où il squattera 17 semaines. En Angleterre, le titre bloquera à la 16ème position. En avril 1957, soit moins d’un an après sa sortie, le disque s’était écoulé à plus de deux millions de copies. On estime que ses ventes ont depuis dépassé les dix millions.

Be-Bop-a-Lula, par son statut de classique rock & roll/rockabilly, a été repris par un nombre incalculable d’artistes. The Everly Brothers, Jerry Lee Lewis, Elvis Presley, The Drifters, The Beatles, David Cassidy, Cliff Richard, Boney M, Queen ou Stray Cats. En France, la première adaptation est celle des adolescents grenoblois  les Daems Boys en 1961. Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell reprendront le morceau dans sa version originale dès 1962.

Paroles :

Well be-bop-a-Lula she's my baby
Be-bop-a-Lula I don't mean maybe
Be-bop-a-Lula she's my baby
Be-bop-a-Lula I don't mean maybe
Be-bop-a-Lula she's my baby doll
My baby doll, my baby doll

Well she's the girl in the red blue jeans
She's the queen of all the teens
She's the one that I know
She's the woman that loves me so

Say be-bop-a-Lula she's my baby
Be-bop-a-Lula I don't mean maybe
Be-bop-a-Lula she's my baby doll
My baby doll, my baby doll
Let's rock!

Well now she's the one that's got that beat
She's the woman with the flyin' feet
She's the one that walks around the store
She's the one that gets more more more

Be-bop-a-Lula she's my baby
Be-bop-a-Lula I don't mean maybe
Be-bop-a-Lula she's my baby doll
My baby doll, my baby doll
Let's rock again, now!

Well be-bop-a-Lula she's my baby
Be-bop-a-Lula I don't mean maybe
Be-bop-a-Lula she's my baby
Be-bop-a-Lula I don't mean maybe
Be-bop-a-Lula she's my baby doll
My baby doll, my baby doll

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