L’histoire retiendra, hormis leur single au succès unique, que The Equals furent l’un des tout premiers groupes rock multi-racial. A l’heure où les Beatles, les Stones, les Kinks ou les Animals cartonnent au box-office anglais, les formations mêlant blancs et noirs ne sont pas légions. On retiendra par exemple Love, le groupe de rock psychédélique californien mené par l’afro-américain Arthur Lee, qui émergea à la même période. Mais autant dire que cette homogénéité est encore rare. Les deux frères jumeaux Lincoln et Dev Gordon, originaires de la Jamaïque, associés à un guitariste de Guyane et deux anglais bien blancos eux, forment le visage de cette étrange association. Ce sont ces racines exotiques qui apportent aux Equals leur originalité au travers d’une musique encore méconnue, le ska ainsi que quelques touches de reggae. Le quintet se produit régulièrement dans le nord de Londres et ouvre pour quelques artistes de prestige comme Solomon Burke, Bo Diddley ou Wilson Pickett, damant le pion à des gros mastodontes du circuit comme Cream ou Procol Harum. Le charisme du chanteur Eddy Grant, qui s’affiche souvent sur scène avec une perruque blonde, joue en faveur des Equals qui rentrent dans les bonnes grâces d’Edward Kassner, patron de President Records. Il a seulement dix-huit ans mais pond déjà ses propres compositions et s’affirme comme le principal moteur du groupe. Il faut dire que dès l’adolescence, le bougre s’est bricolé sa propre guitare avant que son père ne lui montre quelques accords et ne lui achète un ampli. Le reste est le travail de son talent d’autodidacte. Il écrit notamment les singles I Won’t Be There, Hold Me Closer et Baby Come Back alors qu’il est à peine majeur. Ces deux derniers titres sortent justement dès 1966, respectivement en face A et B. Mais le 45 tours est un flop retentissant en Grande-Bretagne où il ne parvient même pas à entrer dans les charts. Leur musique aux influences éclectiques, mêlant soul, blues et pop, ne colle pas aux attentes du public anglo-saxon encore sous l’envoutement des groupes beat. Il faut attendre qu’un DJ allemand tombe dessus et le diffuse à outrance pour que le single parvienne enfin à percer. Et là encore, c’est la face B avec Baby Come Back qui retient l’attention, la face A passant définitivement à la trappe. Il est numéro un dans de nombreux pays d’Europe, ce qui intrigue du côté de Londres où le morceau finit par ressortir au printemps 1968. C’est la consécration. The Equals engrangent encore quelques titres dans le Top Ten comme Viva Bobby Joe et Black Skin Blue Eyed Boys qui traitent autant des aspirations communes à la jeunesse que des bouleversements sociaux et politiques. Ils s’affichent aussi régulièrement à l’émission « Top of the Pops » en Angleterre qui est suivie à grande échelle ainsi que dans son équivalent allemand « Beat Club », forts de leur popularité intacte auprès du public germanique. Mais un terrible accident de la route impliquant les cinq membres mit fin au rêve en septembre 1969. Eddy Grant, qui fut le plus sérieusement blessé, retourna dans sa Guyane natale pour entamer une longue convalescence. Ce départ signa la séparation du groupe puisque Grant décida d’entamer une carrière solo dans la foulée. Il parviendra remarquablement à tirer son épingle du jeu avec quelques hits mémorables durant la décennie suivante comme Electric Avenue (numéro 2 aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne) ou I Don’t Wanna Dance (numéro un en Grande-Bretagne). Quant aux Equals, ils continuèrent tant bien que mal leur petit bonhomme de chemin après le départ de Grant. Mais sans leur tête pensante, ils ne parvinrent jamais à regagner les sommets ce qui dut les amener souvent à vouloir l’implorer : Baby, Come Back.
Le single est numéro un en Angleterre pour trois semaines à l’été 1968, soit deux ans après sa sortie initiale. Au total, il resta classé dix-huit semaines. Il décroche aussi la première place en Belgique et Afrique du Sud. Mais aux Etats-Unis, le morceau ne parvient pas à percer, atteignant une timide 32ème place au Billboard Hot 100. En France, il grimpe jusqu’à la seconde marche du podium. Quelques mois après sa deuxième sortie, le titre est certifié disque d’or avec plus d’un million de copies écoulées.
Baby Come Back fut repris par Anna Dell, Hobsons, Bonnie Rait, Six Shooter, Elektric Music, Angélique Kidjo ou encore Bachman Cummings. Il fut aussi traduit dans de nombreux pays, Danemark, Pays-Bas, Portugal, Finlande ou Italie mais étrangement pas en France.
Come back
Baby, come back
Baby, come back
Baby, come back
This is the
First time until today
That you have run away
I'm asking you
For the first time
Love me enough and stay
(All right) hey
(All right) hey
(All right) hey, yeah
Come back
Baby, come back
Baby, come back
Baby, come back
There ain't no use in you crying
Cause I'm more hurt than you
I should not been out flirting
But now my love is true
Ooh (all right)
Ooh (okay)
Ooh, yeah
Come back
Baby, come back
Baby, come back
Baby, come back
Come back, baby
Don't you leave me
Baby, baby
Please don't go
Oh, won't you give me
A second chance
Baby, I love you so
(All right) oh-a
(Oh, yeah) oh-a
Oh, yeah
Come back (keep going)
I said, baby, come back
I said, baby, come back
Oh, won't you please come back
Oh, won't you please come back
Oh, won't you please come back
Baby, come back
Oh, won't you please come back
Oh, won't you please come back
Baby, come back…