Ooga-chaka, ooga-ooga ! C’est par cet inquiétant gargouillis d’onomatopées que s’ouvre la version de Blue Swede de 1974. Car le titre n’est pas issu de leurs compositions mais provient du répertoire de Mark James qui écrivit aussi le célèbre Suspicious Minds d’Elvis Presley. Il l’offre en 1968 à son pote texan B.J. Thomas qui le hisse à la 5ème place des charts américains (avec Chips Moman comme producteur, le même que sur The Letter). Sauf que l’intro de son morceau se résumait à un sitar électrique, devenu instrument pop à part entière depuis son utilisation par George Harrison ou sur Paint it, Black des Rolling Stones. Les paroles se révèlent à double sens, le contexte premier étant l’amour mais pouvant tout aussi bien s’apparenter aux prises de drogues (« High on believin’ », « Just stay addicted », « Turn me on »). Thomas connaîtra son plus grand succès l’année suivante avec la composition de Burt Bacharach, Raindrops Keep Fallin’ on My Head numéro un durant quatre semaines. Le morceau est déterré en 1971 par l’anglais Jonathan King mais sa version se fait autant remarquer qu’un grain de sable sur la plage. Pourtant, nous tenons enfin ici le démiurge de cette intro si particulière que Blue Swede reprendra. Son origine prend source dans les chœurs chantés sur Runnin’ Bear, un hit de 1959 par Johnny Preston. Même s’il s’en est toujours défendu prétextant avoir tenté un « rythme reggae » dans la même veine que Johnny Reggae, un titre des Piglets qui faisait au même moment son trou dans les charts anglais. King se reconvertira par la suite en producteur et découvreur de talents, lançant la carrière de Genesis, Bay City Rollers ou encore 10CC. Mais son admirable carrière sera salement entâchée en 2001 quand la justice anglaise le condamne à sept ans de prisons pour attouchements sur neuf mineurs (le quota réel dépasserait la vingtaine). La version reliftée finit par tomber dans les oreilles de Bengt Palmers, patron d’EMI en Suède. Il conseille à son nouveau groupe local Bjorn Skiffs and Blabus (traduit en Blue Denim, puis Blue Swede) de l’incorporer à son répertoire scénique, ce qu’ils font durant plusieurs mois avant de se décider à l’enregistrer (non sans avoir au préalable modifié les paroles pour en supprimert toutes les allusions faites à la dope). Le single est rapidement numéro un en Suède et devient un hit incontournable, le public habitué à scander le « Ooga-Chaka » à l’unisson en concert. C’est alors que la magie cosmique du destin commença à opérer. Après que le morceau ait échoué sur les bureaux d’EMI International, quelques copies furent envoyées aux Etats-Unis sans grande conviction. Une d’entre elles atterrit dans les bacs d’une disquaire du Connecticut qui tombe raide dingue du morceau au point de le faire tourner en boucle dans son magasin. Les clients accrochent eux-aussi et le bouche à oreille aidant, Hooked on a Feeling finit sur les radios locales puis nationales. La route vers la gloire et le podium américain est alors toute tracée pour les scandinaves qui auront encore la chance de placer un autre titre dans le top 10 (une reprise de The Associations, Never My Love) avant de rompre l’année suivante dans l’indifférence générale la plus totale.
Le titre se hisse à la première place des charts américains, que ce soit l’U.S. Billboard ou le classement du magazine Cash Box. Quand il décroche enfin la place de numéro un le 6 avril, Blue Swede devient le premier groupe suédois à atteindre le Graal américain. Jour doublement historique pour la Suède qui gagne l’Eurovision avec une formation encore peu connue, ABBA et son titre Waterloo. Faute de distribution, le morceau ne parviendra pas à percer sur le marché britannique.
Hormis la version originale de B.J. Thomas, Hooked on a Feeling a été repris par Jonathan King, Carroll Baker, Baha Men, Offsprings (ils samplèrent l'introduction sur Special Delivery) et même… David Hasselhoff.
Ooga-chaka Ooga-Ooga
Ooga-chaka Ooga-Ooga
Ooga-chaka Ooga-Ooga
Ooga-chaka Ooga-Ooga
I can't stop this feeling
Deep inside of me
Girl, you just don't realize
What you do to me
When you hold me
In your arms so tight
You let me know
Everything's all right
I'm hooked on a feeling
I'm high on believing
That you're in love with me
Lips are sweet as candy
It's taste stays on my mind
Girl, you got me thirsty
For another cup of wine
Got a bug from you, girl
But I don't need no cure
I just stay affecting
If I can for sure
All the good love when we're all alone
Keep it up girl
Yeah, you turn me on
I'm hooked on a feeling
I'm high on believing
That you're in love with me
All the good love
When we're all alone
Keep it up girl
Yeah, you turn me on
I'm hooked on a feeling
I'm high on believing
That you're in love with me
I'm hooked on a feeling
And I'm high on believin'
That you're in love with me
I said I'm hooked on a feeling
And I'm high on believin'
That you're in love with me